Période
4e quart XIIe siècle, 2e quart XIIIe siècle, 2e quart XVe siècle, 1ère moitié XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Grand escalier de l'aile Est ; petit escalier de l'aile Sud (cad. AD 158) : inscription par arrêté du 24 février 1986 ; Eglise prieurale ; façades et toitures des bâtiments de l'ancien prieuré (sauf façade sur rue de l'aile Nord) ; galeries du cloître ; salles voûtées au rez-de-chaussée de l'aile Est : salle du Chapitre, réfectoire, cuisine, salle d'angle Sud ; bibliothèque (aile Nord) ; salle avec niche armoriée, à l'angle des ailes Sud et Ouest (cad. AD 158) : classement par arrêté du 11 décembre 1990
Origine et histoire du Prieuré
Le prieuré bénédictin de Flavigny-sur-Moselle, en Meurthe-et-Moselle (Lorraine), trouve son origine au Xe siècle et est issu d'une grange monastique fondée en 952. Il est le plus ancien monument cénobitique de la région et conserve aujourd'hui son cloître, sa tour, sa chapelle gothique flamboyant et diverses dépendances. Fondé par Bérenger, évêque de Verdun, le prieuré possédait un moulin, le droit de passage sur la Moselle et des prérogatives de haute, moyenne et basse justice ; les habitants jouissaient de la mouture franche et du passage gratuit. Au fil des siècles se succédèrent plusieurs seigneurs et titulaires, parmi lesquels les Haraucourt, Antoine, Charles, Paul, Érard de Pulligny, puis en 1650 le prince Charles de Lorraine, âgé de neuf ans et résidant à Vienne, nommé abbé de plusieurs établissements et prieur de Flavigny. Parmi les prieurs remarquables, Barthélémy de Lucy fit construire la nouvelle église, réplique de la chapelle des Cordeliers de Nancy ; son successeur Vary de Lucy (1509-1567) dota l'église de vitraux vendus en 1904 ; Dom Charles Noirel (1692-1710) fit ériger le cloître intérieur ; Dom Charles Cachedenier de Vassimont (1712-1733) fut un administrateur conciliant et efficace ; Dom Rémy Ceillier (1733-1761), savant philosophe et théologien, reçut du cardinal Imperiali de Rome les reliques de Sainte Émérite en remerciement de son ouvrage L'Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques. Lors de la Révolution, le prieuré fut au centre des troubles : le 30 juillet les habitants menacèrent d'attaquer les bâtiments, l'armée intervint, plusieurs révoltés furent arrêtés et les deux chefs furent pendus à Nancy le 3 août ; en 1790 les biens furent confisqués au profit de la Nation et les onze moines présents quittèrent le couvent. Les propriétés furent vendues à un acquéreur qui veilla à l'entretien des bâtiments. En 1824 la dernière abbesse de Saint-Eustase de Vergaville et quelques religieuses, invitées par le curé Baillard, rachetèrent le prieuré aux héritiers Bernier et y fondèrent un pensionnat de jeunes filles prospère. Les bénédictines furent expulsées le 11 novembre 1904 en application des décrets proscrivant les congrégations, puis le prieuré fut acheté par M. Émile Culot. Réquisitionné pendant la Grande Guerre, il servit de quartier général et abrita l'état-major de la 8e Armée. Après la guerre, Madame Thidric céda le prieuré en 1921 à Gustave Simon, qui le transmit en 1922 au doyen Jacques Parisot pour y établir un préventorium d'enfants ; grâce à un don d'un mécène américain et à divers concours financiers, l'Office d'Hygiène Sociale acquit l'ensemble et, dès 1925, y implanta un préventorium de 400 lits pour enfants primo-infectés. Avec la quasi-disparition de la tuberculose, un centre de réadaptation pour handicapés physiques fut ensuite créé, géré conjointement par l'O.H.S. et la CRAM du Nord-Est. La quasi-totalité des bâtiments monastiques subsistants — église, bâtiment conventuel, cloître, salle capitulaire, bibliothèque, escaliers, réfectoire, cuisine et décor intérieur — a été classée Monument historique par arrêté du 11 décembre 1990, et deux escaliers ont été inscrits par arrêté du 24 février 1986. Les vitraux de Valentin Bousch, réalisés à l'origine pour le prieuré et vendus après l'expulsion des religieuses, se trouvent aujourd'hui au Metropolitan Museum of Art de New York, dans une église de Stockbridge (Massachusetts) et dans des collections particulières. Un vitrail intitulé La Création du monde et l'expulsion d'Adam et Ève, provenant de l'église Saint-Firmin de Flavigny-sur-Moselle, a figuré chez le marchand Sam Fogg et a été reproduit dans le catalogue de la foire de Maastricht de 2010.