Origine et histoire du Prieuré de l'Oiselière
Le prieuré de l'Oiselière est un ancien prieuré situé à Saint-Planchers, près de Granville, dépendant de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Il occupe un vallon en bordure du ruisseau qui porte son nom, entouré d'une enceinte fortifiée et de douves. Sa fondation s'inscrit dans la période où les possessions du Mont-Saint-Michel en Normandie se consolidèrent, après la donation par Richard II en 1022 de l'abbaye de Saint-Pair et de ses dépendances. Certaines sources locales considèrent que l'Oiselière faisait partie des dépendances de l'abbaye de Saint-Pair, mais aucune autre trace écrite ou archéologique ne le confirme formellement. Le prieuré apparaît nommément dans les actes en 1321 lors de l'autorisation d'ajouter une chapelle au premier bâtiment déjà en place. L'étude du bâti suggère que l'édifice primitif formait un rectangle correspondant à l'actuelle salle cathédrale et au logement de la ferme, la chapelle ayant été ajoutée à l'ouest. Le bois de Prael, dépendant de l'Oiselière, est mentionné plus tôt (1294 et 1297) dans des actes de donation et d'arbitrage attestant son exploitation et des droits de pâturage. Pendant la Guerre de Cent Ans, les abbés du Mont-Saint-Michel et leurs dépendances subirent des vicissitudes : des sources rapportent qu'en 1420 l'abbé Jolivet quitta le monastère et que, en 1442, le manoir fut pillé et partiellement incendié lors de la reprise de Granville. À la Renaissance, l'abbé Guillaume de Lamps entreprit d'importants travaux à l'Oiselière, achevés selon le Gallia Christiana par son frère J. de Lamps, et des jardins en terrasses furent aménagés sur les remparts anciens. L'Oiselière servit ensuite de résidence à des abbés commendataires, dont Arthur de Cossé, et ces titulaires, souvent plus préoccupés des revenus que de l'entretien, laissèrent graduellement le logis se dégrader. La statistique de 1698 mentionne la baronnie de l'Oiselière, terme qui traduit l'importance du domaine à cette époque. Le bois de Prael, visible sur la carte de 1689, est attesté dès le XIe siècle et faisait vraisemblablement partie du domaine; Thomas Cambernon fut le dernier titulaire du bénéfice avant la vente des terres à la Révolution. Au fil du temps, des matériaux des bâtiments furent prélevés pour la construction locale et la chapelle fut transformée à des usages domestiques, comme l'observait l'abbé Lecanu en 1878. L'appareil défensif du manoir a largement disparu, les fossés et l'enceinte ayant été comblés ou percés de brèches, mais le double porche cintré donne encore accès à la cour intérieure. Le prieuré a été inscrit au titre des Monuments historiques le 27 novembre 1989, date à laquelle sa restauration a été lancée. Aujourd'hui l'ensemble comprend un manoir, une ferme, des jardins en terrasse et un colombier, partiellement entourés d'une enceinte et de douves, et réalisés en poudingue et schiste. Les bâtiments de la ferme font partie de l'enceinte, prolongée au niveau de la cour du manoir par un mur à contreforts; l'enceinte a disparu à l'ouest et au nord, tandis que des douves en eau bordent le sud et le nord de la propriété. L'accès à la ferme se fait par une porte à pont dormant qui remplace l'ancien levis; la porte du manoir, plus à l'ouest, est une porte cochère et piétonne également à pont dormant. L'écusson d'Arthur de Cossé qui ornait la porte a été donné au musée d'Avranches en 1845. Dans la cour de la ferme se trouve un puits dit « obus » et la cour du manoir est dotée d'une large fontaine circulaire du XVIe siècle; à l'ouest, les jardins en terrasse comprennent un labyrinthe de buis et un jardin à la française. La façade sud du manoir comporte six fenêtres; celles de l'ouest conservent des meneaux et une ferronnerie d'origine, tandis que les meneaux du centre datent de la restauration entreprise en 1989. Deux fenêtres au sud correspondent aux entrées de l'escalier Renaissance dont subsiste seulement la base; une verrière contemporaine, construite en 1989 sur les fondations de la cuisine disparue, rappelle des colombages normands. La façade ouest est aveugle mais renforcée par deux contreforts, et la façade nord est complétée par une tourelle percée de bouches à feu; l'intérieur témoigne d'éléments remontant aux XIe, XVIe et XVIIIe siècles ainsi qu'à des interventions récentes. Sur la façade de la ferme, une fenêtre en ogive marque l'emplacement de l'ancienne chapelle; parmi les dépendances closant la cour figurent un four à pain et un pressoir. Le colombier, situé au nord de la ferme, est muni de contreforts et d'un dôme voûté percé d'un oculus central; sa taille évoque l'importance passée du domaine, qui aurait pu atteindre 12 000 acres.