Origine et histoire du Prieuré de la Haie-aux-Bonshommes
Le prieuré de la Haie-aux-Bonshommes est un ancien établissement de l'ordre de Grandmont situé à Avrillé, dans le Maine-et-Loire. Il est aujourd'hui occupé par la communauté traditionaliste dite des « Dominicains d'Avrillé », d'inspiration dominicaine et autrefois proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. L'église du prieuré, qui remonte au XIIe siècle et est classée au titre des monuments historiques, présente une abside en cul-de-four dont la clé de voûte porte l'image du Christ bénissant. L'abside reçoit la lumière par un triplet de hautes fenêtres tandis que la nef est couverte d'une voûte en berceau légèrement brisé, soutenue à sa base par une corniche composée d'un larmier, d'une gorge et d'un tore. Les murs intérieurs ont été ornés de peintures au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, sous le priorat de Roger de Beaufort, futur pape Grégoire XI. Sur le mur nord de la nef est peinte l'histoire de Jacob en cinq scènes, et sur le mur sud figure la scène d'Adam nommant les animaux. La grande fenêtre du pignon ouest conserve un vitrail en grisaille de type cistercien. La porte des fidèles, ouverte dans le mur nord, s'ouvre sur un porticum récent et comporte trois voussures égales en arc légèrement brisé, avec des tores appuyés sur des culots et des colonnes engagées. La porte des moines, plus étroite dans le mur sud, présente une composition analogue et donne sur un cloître charpenté récent. À l'extérieur, le long du mur nord, une petite chapelle oratoire du XIIe siècle, l'une des rares chapelles latérales subsistantes, est accolée à l'église; elle aurait vraisemblablement servi aux religieux lépreux, le prieuré ayant accueilli et soigné des moines atteints de cette maladie. Des bâtiments conventuels, l'aile sud subsiste partiellement après des reconstructions du XVIIe siècle, tandis que l'aile ouest, également remaniée à la même époque, offre une façade de style classique bien conservée et un escalier d'époque. Une autre aile a été détruite lors de la Révolution française; elle a été reconstruite par les Dominicains dans l'esprit grandmontain, le rez-de-chaussée accueillant notamment le chapitre et une sacristie, et l'étage des chambres remplaçant l'ancien dortoir commun. L'histoire du prieuré remonte à la fin du XIIe siècle, dans un contexte lié à l'assassinat de saint Thomas Becket et aux donations du roi Henri II d'Angleterre en Anjou. Sur un domaine appelé « la Haye du Roi », près d'Angers, les seigneurs Raoul et Étienne de Véo fondèrent vers 1177 une « celle » de Grandmontains, dotée de privilèges et de donations royales, dont des exemptions d'impôts et de service militaire, la perception de la dîme et le droit d'asile. La construction principale dura quatre ans et, enrichie par des donations ultérieures — notamment de Richard Cœur de Lion et des papes Clément III et Alexandre III —, la fondation prit le nom de « la Haye-aux-Bonshommes ». Des terres, vignes, prés, ainsi qu'un moulin et une écluse complétèrent les possessions vers 1185, et ces biens furent confirmés ensuite par des souverains. Une dizaine de moines y exerçaient leurs offices jusqu'au XVe siècle, partageant la prière et les soins aux lépreux; la léproserie distincte du monastère perdura jusqu'en 1440. Au fil des siècles, la celle connut diverses évolutions institutionnelles: en 1186 les frères lépreux bénéficièrent d'une protection papale, la communauté comptait neuf religieux en 1295 et quatorze en 1317, et cette dernière année la Haye fut érigée en prieuré par rattachement de la celle de Craon. En 1345 Pierre Roger de Beaufort obtint le titre de prieur titulaire; devenu plus tard pape sous le nom de Grégoire XI, on lui attribue les peintures murales datées de la seconde moitié du XIVe siècle. Aux XVIIe siècle, le prieur commendataire Claude Ligier fit reconstruire et aménager les bâtiments claustraux et fit élever une demeure à proximité qui porte aujourd'hui le nom de prieuré de la Haye-aux-Bonshommes; l'ancien prieuré prit alors l'appellation populaire d'abbaye puis servit temporairement de couvent. Au XVIIIe siècle, le prieuré fut rattaché au séminaire Saint-Charles d'Angers et, au moment de la suppression de l'ordre de Grandmont par la commission des réguliers, il ne restait que quatre moines à la Haye. Pendant la Révolution, les bâtiments furent vendus comme biens nationaux et reconvertis en ferme; c'est sur des terres de cette ferme que se déroulèrent les fusillades d'Avrillé en 1794. Au XIXe siècle ils restèrent à usage agricole, puis au XXe siècle ils furent transformés en colonie de vacances accueillant des jeunes filles; ils furent rachetés en 1974 par le Mouvement de la jeunesse catholique de France. En 1979 la fraternité Saint-Dominique acquit le prieuré, y installa une communauté et une école, et entreprit la restauration des bâtiments; cette communauté s'est distinguée par des liens avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X jusqu'en 2014, date à laquelle un désaccord a conduit à une rupture avec certains responsables de la FSSPX. Les bâtiments font l'objet de protections au titre des monuments historiques: inscription des façades ouest des bâtiments conventuels et classement de la chapelle en 1947, ainsi qu'une inscription en 1965 pour les façades et toitures de la maison du prieur, son jardin et ses terrasses.