Prieuré de Lartige à Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Prieuré Maison à pan de bois

Prieuré de Lartige

  • L'Artige aux moines
  • 87400 Saint-Léonard-de-Noblat
Crédit photo : Fourgeaudg - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

4e quart XIIe siècle, 1ère moitié XIIIe siècle

Patrimoine classé

Restes du prieuré (cad. B 838) : inscription par arrêté du 6 février 1926 ; Eglise, y compris son décor intérieur ; trois arcades subsistantes correspondant au mur occidental de la salle capitulaire ; tour aux armes des Bony, à l'angle sud-ouest ; aire du cloître, à l'exclusion du bâtiment ouest servant d'habitation (cad. B 838) : classement par arrêté du 25 septembre 1989

Origine et histoire du Prieuré de Lartige

Le prieuré Saint-Laurent de l'Artige trouve son origine auprès de deux Vénitiens, Marc et son neveu Sébastien, probablement pèlerins qui, devenus ermites près de Saint-Léonard-de-Noblat, se sont installés au tout début du XIIe siècle (vers 1100-1130). Une masure de chapelle conservée en 1788 rappelait cette première implantation au lieu-dit l'Artige-Vieille. En 1174-1175, à la suite de violences meurtrières contre leurs disciples, la petite communauté de chanoines réguliers se transfère ; le cinquième prieur, Hélie, reçoit alors un ancien site fortifié nommé le Chalard, formant un éperon au-dessus du confluent de la Maulde et de la Vienne, face au château du Muraud, qui prend le nom d'Artige-Grande. Une chronique attribue à Hélie la construction d'une église, consacrée en 1198, ainsi que de l'ancien dortoir et du réfectoire, bien qu'il soit possible qu'il s'agisse d'une rénovation, car un lieu de culte existait déjà lors de la donation. Vers 1670, l'historien bénédictin dom Estiennot signale des ruines d'une petite église. Mme Andrault-Schmitt considère que la grande église actuelle date de la fin du XIIIe siècle et la met en relation avec une dédicace d'autel datée de 1267, attestée par une plaque émaillée aujourd'hui conservée à Varsovie. Malgré diverses destructions aux cours des siècles suivants, notamment pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de religion, puis la vente comme bien national à la Révolution, le site conserve des éléments importants. Les bâtiments s'organisent en trois corps autour d'une cour carrée, sans certitude que le côté sud ait été bâti. Au nord, l'église présente un long vaisseau unique, haut et étroit, qui a été subdivisé par un mur pour être transformé en grange ; sa voûte en berceau est en partie effondrée et remplacée par une charpente. Les élévations sont rythmées par des contreforts obliques et séparées par un cordon formant larmier, sur lequel s'ouvrent des baies en arc brisé ; la porte nord, réservée aux laïcs, est elle aussi en arc brisé et se compose de deux larges rouleaux plats à arête en cavet, sous une archivolte à retours, avec tores d'encoignures retombant sur une imposte portée par des colonnettes coiffées de petits chapiteaux à corbeille lisse. Au sud, un clocher se présente comme un massif quadrangulaire en saillie, à la fois sur l'extérieur et sur la nef. Quelques traces de décor peint subsistent sous les enduits. Vers l'est, un pan de mur de l'ancienne salle capitulaire est percé de trois arcs brisés, le central plus étroit : l'extrados retombe sur des colonnettes au chapiteau orné de crochets-boules prolongées par un tore d'encoignure, tandis que le large intrados est porté par deux épaisses colonnes engagées reposant sur des bases à griffes ; leurs chapiteaux sont sculptés de larges feuilles d'eau stylisées aux arêtes marquées. À l'extrémité sud de ce mur s'ouvre une porte en accolade, dans une petite tour circulaire, qui porte les armes de la famille de Bony de Lavergne, dont plusieurs membres furent prieurs à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. L'aile occidentale, transformée en habitation, a conservé son volume ancien et plusieurs portes d'origine. Des corbeaux de pierre, encore visibles, portaient la charpente des galeries de circulation probablement disposées en cloître. L'ensemble des bâtiments a été édifié au quatrième quart du XIIe siècle ; la sacristie et la salle capitulaire ont été revoûtées au XIIIe siècle et le décor peint semble appartenir à la fin du même siècle ; une tour d'escalier a été ajoutée à l'extrémité de l'aile orientale au XVIe siècle ; un mur de soutènement a été construit au milieu de l'église au XIXe siècle ; enfin, différentes ouvertures ont été aménagées dans l'église et dans l'aile occidentale à la limite des XIXe et XXe siècles.

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