Origine et histoire du Prieuré de Lavare
Le prieuré de Lavaré est situé sur un bord de plateau, entouré de bois et de pâtures, dominant une vallée parcourue par un bras de la petite Choisille, à la limite de Fondettes, Saint-Roch et La Membrolle-sur-Choisille. Le toponyme apparaît dès le XIe siècle sous la forme Lavariacum (1063), puis capella de Lavaraico au XIIe siècle et Lavaray en 1543. Le site est attesté depuis le XIe siècle et a longtemps dépendu de l'abbaye de Marmoutier. Un cartulaire de 1272 signale la proximité d'un carrefour de voies d'époque gallo-romaine, reliant notamment Tours au Mans et à Angers. Au cours du Moyen Âge, des exemptions de dîme accordées par des seigneurs locaux permirent aux moines d'acquérir des terres pour le domaine, et les bâtiments visibles aujourd'hui datent des XIIe-XIIIe siècles. Jusqu'au XVIIIe siècle le prieuré fut exploité comme monastère agricole, avec cultures, vignes, bois et jardins bien entretenus. En 1787 le prieuré était administré par le chanoine N. Dauphin; en 1791 ses bâtiments et son domaine furent confisqués puis vendus comme biens nationaux, mais il conserva sa vocation agricole sous divers propriétaires privés. Des réaménagements importants eurent lieu au XIXe siècle, notamment la destruction du bâtiment et des galeries reliant le logis à la tour vers 1840. En 1945 le prieuré fut acquis par un éleveur qui aménagea une stabulation et modifia la grange. La grange dîmière, parfois appelée « Grange aux Dîmes », a fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques; le reste des bâtiments (muraille, tour, pigeonnier et logis du prieur) a été inscrit au titre des monuments historiques le 19 juin 1965. Laissé en déshérence dans les années 1980-1990, le prieuré a été racheté en 1998 par des propriétaires privés qui ont entrepris sa restauration et l'ouvrent aujourd'hui à des visites, concerts et réceptions. L'ensemble est ceint d'une muraille fortifiée dont subsistent au nord-ouest des vestiges de porte et une fenêtre romane à colonnettes qui pourrait marquer l'emplacement d'une ancienne salle seigneuriale. Une tour de défense, élevée d'un seul tenant et construite en petits moellons, s'insère sur l'angle nord de l'enceinte; elle dépasse vingt mètres de haut et s'ouvre en bas sur une petite porte desservant une salle voûtée en plein cintre. Le logis du prieur, remanié aux XVe et XVIIIe siècles, conserve à l'arrière une tourelle d'escalier extérieure; sa façade sud présente deux baies ogivales, dont l'une a été rouverte et munie d'un vitrail, indiquant l'emplacement de l'ancienne église. Des vestiges d'un bâtiment incluent une baie géminée percée dans le mur. Le pigeonnier, de plan circulaire et daté du XVIe siècle, comporte environ mille boulins et se trouve au centre de la cour. La grange, analogue par son architecture à celle de Meslay, mesure 43 mètres de longueur sur 13 de largeur; elle présente des pignons épaulés, un fronton avec portes en plein cintre, un avant-corps triangulaire et trois fleurons en pierre sur le faîtage, et elle a été agrandie à deux reprises pour augmenter sa capacité de stockage. Des traces sur le pignon sud témoignent d'une surélévation opérée aux XVe ou XVIe siècles selon les estimations. Parmi les objets mobiliers, un bas-relief en bois peint représentant sainte Barbe et les armoiries de Matthieu Gaultier, ancien abbé de Marmoutier, sont conservés au musée archéologique de Touraine.