Origine et histoire du Prieuré de Marcevol
Le prieuré roman de Marcevol, dédié à sainte Marie, se situe à Arboussols dans les Pyrénées-Orientales et, avec le hameau voisin, offre un panorama sur le massif du Canigou et la vallée de la Têt. En 1129, l'évêque d'Elne donna l'église Sainte-Marie de Marcevol à l'ordre canonial régulier du Saint-Sépulcre, dont ce prieuré constitua la seule dépendance en Roussillon. Une reconstruction de l'édifice est attestée par un testament de 1142 mentionnant des travaux en cours. Le tremblement de terre de 1428 endommagea fortement les bâtiments monastiques et des travaux de réparation furent entrepris dans les années suivantes. Au XVe siècle, alors que l'ordre décline, il est dissous par le pape en 1489 et le prieuré est transféré à la communauté des prêtres de Vinça, qui l'administre jusqu'à la Révolution française. Vendu comme bien national pendant la Révolution, le site est converti en exploitation agricole. L'église est inscrite sur la liste des monuments historiques de 1840 et rachetée puis restaurée à partir des années 1970 ; l'ensemble a ensuite été placé dans une fondation. Plusieurs objets du prieuré sont répertoriés dans la base Palissy.
L'église priorale, de plan roman du XIIe siècle, fut gravement endommagée lors du séisme de 1428 ; des réparations, notamment la reconstruction de la voûte de la nef et du collatéral nord, furent réalisées en 1496. L'édifice s'organise aujourd'hui en trois vaisseaux : la nef centrale et le collatéral sud forment un ensemble, tandis que le collatéral nord, reconstruit en 1496, a été subdivisé en chapelles communicantes et a perdu son absidiole, si bien que le chevet ne conserve plus que l'absidiole méridionale et l'abside majeure. Du décor intérieur subsistent un bénitier roman monolithe, le fragment d'un autre bénitier et une fresque représentant le Christ en Majesté dans l'absidiole sud. La petite chapelle romane du hameau, Sainte-Marie des Grades, conserve des éléments du retable gothique du maître-autel du prieuré, remontés dans son abside.
La façade occidentale se distingue par sa sobriété et sa « muralité », perturbées seulement par le portail principal, dont le linteau est fissuré par le tremblement de terre de 1428, et par une fenêtre centrale en marbre rose. Elle est dominée par un clocher-mur asymétrique à quatre baies ; certains ont suggéré qu'il comportait à l'origine six baies, sans preuve formelle. La partie supérieure gauche de la façade est partiellement effondrée et l'on peut encore observer des pentures romanes sur le portail. Des vestiges des bâtiments conventuels ont été en grande partie perdus après 1428 et n'ont sans doute jamais été complètement reconstruits. Subsistent toutefois un mur de fortification daté des XIIIe-XIVe siècles sur les côtés ouest et sud, ainsi que des éléments médiévaux dans l'aile ouest, dont une ancienne citerne et un arc en plein cintre restitué lors des restaurations, dans la salle aujourd'hui affectée aux expositions et à l'accueil. Dans la cour intérieure, le mur bahut du cloître et les corbeaux sur le mur gouttereau de l'église, qui soutenaient autrefois la charpente du toit du cloître, ont également été restitués.