Origine et histoire du Prieuré
Le prieuré de Mouthier-Haute-Pierre est un ancien prieuré bénédictin situé dans la commune du même nom, dans le Doubs ; il est aujourd’hui une propriété privée. Sa fondation reste incertaine ; il aurait été fondé par saint Eustache, abbé de Luxeuil, aux environs de 618. Le prieuré est mentionné dès 870 dans les actes du partage de Lothaire et y apparaît comme l’un des plus importants de Bourgogne. Rattaché à l’abbaye de Cluny en 1120, le monastère a été reconstruit au XIIIe siècle. Au XIVe siècle fut édifié le clocher, et des éléments architecturaux des XVe et XVIe siècles subsistent encore. Le prieuré connaît un développement au XVIe siècle grâce aux interventions d’Antoine Perrenot de Granvelle, qui restaure les quartiers des religieux et fait reconstruire des bâtiments ; certains locaux conservent des sols d’origine, des décors lambrissés et des trumeaux peints. Un incendie en 1719 endommage l’église, qui est reconstruite et porte la date de 1724 sur le portail ; elle est cependant en grande partie démolie en 1793 et il n’en reste que des vestiges. Les cloches furent démontées et fondues, et la chaire richement ouvragée a été déposée dans l’église paroissiale Saint-Laurent. Les bâtiments conventuels furent vendus comme biens nationaux et transformés en habitations. Les vestiges de l’église, le cloître et l’ensemble des bâtiments des anciens quartiers des religieux et du prieur sont inscrits aux monuments historiques depuis le 14 octobre 1996. Le prieuré se compose de deux grands bâtiments rectangulaires parallèles d’environ 50 mètres, orientés est-ouest, qui enferment à l’est un petit cloître de 20 mètres sur 10, bordé sur trois côtés d’arcades et fermé à l’est par un bâtiment comprenant une vaste cave et le chapitre voûté d’ogives, et à l’ouest une cour d’environ 20 mètres sur 20, ouverte sur la rue et desservant le « quartier Granvelle » au nord et le quartier des Hôtes au sud ; ces deux cours sont séparées par un petit bâtiment dit « quartier Pletteret ». Le site conserve des caves voûtées en pierre de tuf et des jardins, intégrés au parcours de visite aménagé après restauration. Racheté en 2017, l’ensemble a été entièrement restauré et s’est partiellement ouvert au public en juin 2025 ; il présente un espace muséal d’une cinquantaine de toiles consacré aux grands peintres comtois des XIXe et XXe siècles, parmi lesquels Émile Isenbart, Robert Fernier, Antonin Fanart et Jules-Émile Zingg, dont une partie de la collection est illustrée sur Wikimedia Commons. La visite permet de découvrir la cour prieurale, le cloître restauré, la salle du chapitre, les caves voûtées et les jardins ; la façade nord accueille l’entrée du musée et la façade sud donne sur les jardins. Le chartrier mentionne des terres et des vignes autour de l’abbaye, données par la Maison de Montgesoye au Xe siècle. Parmi les prieurs connus figurent Aymé de Montmartin, qui affranchit les habitants en 1365, Antoine Perrenot de Granvelle (vers 1550-1581) qui fit reconstruire les bâtiments, et Philippe-Emmanuel de Montfort, nommé par Philippe IV et décédé en 1657 ; Antoine Perrenot de Granvelle est par ailleurs signalé comme coadjuteur du monastère en 1537, à l’âge de vingt ans. Les principales études publiées sur le prieuré incluent l’ouvrage de Marcel Muller (1939) et plusieurs travaux de Marie-Louise Chaneaux parus dans les années 1970 et 1988.