Période
XIVe siècle, XVIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
"Bâtiment du prieuré et cour du cloître, à l'exception du bâtiment du XIXe siècle bordant le côté sud-ouest (cad. C 8) : inscription par arrêté du 27 octobre 1948 - Parties suivantes de l'ancien enclos prioral : façades et toitures de la maison de gardien, ainsi que le porche attenant ; pressoir avec l'ensemble de son outillage ; mausolée du colonel Langlois ; mur en hémicycle du potager ; éléments hydrauliques : viviers, fontaines, bassins, lavoir. En dehors de l'enclos prioral : façades et toitures du bâtiment des anciennes "petites écoles" (actuelle mairie) , à l'exclusion de la partie construite en briques (cad. B 158 lieudit l'Eglise ; C 30 lieudit Jardin de l'Hospice, 31, 34 lieudit L'Eglise, 36 lieudit Cour du Prieuré) : inscription par arrêté du 2 octobre 1997"
Origine et histoire du Prieuré
L'ancien prieuré de Saint-Hymer est situé dans la commune de Saint-Hymer, canton de Pont-l'Évêque, arrondissement de Lisieux, dans le département du Calvados ; avant la Révolution il dépendait du diocèse de Lisieux. Fondé au XIe siècle par Hugues II de Montfort, il accueille une collégiale de chanoines réguliers installée par Guillaume le Conquérant, remplacée par des moines bénédictins de l'abbaye du Bec en 1147. L'église actuelle date en grande partie du XIVe siècle, le clocher du XVIe siècle et la tour, commencée au XIIe siècle, n'a été achevée qu'au XVIIe siècle à la suite d'un différend entre moines et paroissiens. À son apogée, le prieuré comptait de dix à treize moines, puis il connaît un long déclin à partir du XVe siècle. Les bénédictins quittent Saint-Hymer en 1695 et le site reste en partie délaissé pendant environ vingt ans, avant que différents évêques n'en cherchent la renaissance. En 1717 le prieuré est confié à Henri-Emmanuel de Roquette ; il en prend possession en 1722 et en fait, sous sa commende, un centre janséniste important en Normandie, parfois appelé le « Port-Royal de Normandie ». De 1734 à 1766 il fait restaurer les bâtiments et, dans les années 1738 et 1764, il fait édifier notamment l'aile est du prieuré, aménager un réseau hydraulique complet, établir un pressoir et créer des « petites écoles » pour les enfants pauvres. Le pressoir, construit à la fin du XVIIe siècle, s'élève en rez-de-chaussée sur un étage de soubassement et abrite un tour à pommes, une presse à longue étreinte et des tonneaux. Au moment de la Révolution, en 1791, le prieuré est fermé, l'église devient entièrement paroissiale et le mur qui la séparait en deux parties est supprimé. Louis-Charles de Grieu, dernier prieur, acquiert le prieuré lors de sa vente comme bien national et parvient ainsi à le préserver. Après sa mort en 1836, Jean-Charles Langlois achète le site en 1838 ; il y est inhumé sous un mausolée à sa mort en 1870 et lègue ensuite les bâtiments à l'hospice de Pont-l'Évêque. Les bâtiments ont été utilisés comme maison de retraite (EHPAD) jusqu'en 2020 ; y a notamment vécu Jeanne Le Calvé, dite la Mère Denis, inhumée dans le cimetière jouxtant l'église. D'un point de vue architectural, le prieuré a longtemps été considéré comme un établissement de taille notable, avec des vestiges romans dans l'église ; les bâtiments du cloître, qui s'appuyaient en partie sur le transept, abritaient le dortoir et comportaient deux côtés pourvus chacun de six arcades. Le site, traversé par la rivière Yvie, comporte des aménagements hydrauliques tels que retenues, cascades et terrasses. Le bâtiment du prieuré et la cour du cloître sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 27 octobre 1948, avec une inscription supplémentaire d'éléments de l'enclos prioral ou de ses abords en date du 2 octobre 1997.