Origine et histoire du Prieuré de Saint-Jean-des-Bonshommes
Le prieuré de Saint-Jean-des-Bonshommes est un établissement de l'ordre de Grandmont situé à Sauvigny-le-Bois dans l'Yonne. Édifié au tout début du XIIIe siècle sur le site d'un ancien sanctuaire, il se trouvait dans la forêt de Plausse et comptait treize religieux en 1280. La chapelle, longue de 32 m pour 6,86 m de largeur, est entière et figure parmi les plus belles églises grandmontines subsistantes ; elle répond à un plan strictement grandmontain et présente la particularité d'être voûtée en briques. On y conserve encore les cinq arcades de la salle capitulaire et, sur le côté sud, des vestiges du réfectoire et des cuisines. Le prieuré fut fondé en 1189 dans les bois de Charbonnières grâce aux libéralités d'Anséric IV de Montréal, avant son départ pour la troisième croisade. Par bulle du pape Jean XXII et lors de la réforme de l'ordre le 13 décembre 1317, il devint dépendance du prieuré de Vieupou, à Poilly-sur-Tholon. La guerre de Cent Ans puis les guerres de Religion furent particulièrement destructrices pour le site : en 1576, il fut occupé et dévasté par des reîtres et lansquenets allemands à la solde de Jean-Casimir des Deux-Ponts. Restauré au XVIIe siècle, il fut ensuite uni à la mense épiscopale d'Autun lors de la suppression de l'ordre en 1772 par le pape Clément XIV, puis vendu comme bien national en 1791. Devenu propriété familiale et exploitation agricole, il subit en 1846 un incendie qui détruisit toitures, planchers, boiseries et la plupart des bâtiments conventuels, épargnant cependant la chapelle. Après que la famille propriétaire se sépara des bâtiments en 1880, la plupart, en ruine, servirent de carrière de pierres en 1904. La Société d'études d'Avallon acquit le prieuré le 11 octobre 1905, obtint son classement au titre des monuments historiques le 14 novembre 1905 et créa un musée lapidaire grâce au concours de l'abbé Jules Giraud et du sculpteur Georges Loiseau-Bailly ; cette société en assure depuis lors l'entretien et organise des visites en été. En 1840, l'architecte Eugène Viollet-le-Duc visita le prieuré pendant ses travaux à Vézelay ; s'il n'y mena pas de restauration, il dessina la double piscine de la chapelle et intégra ce dessin dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française. Des photographies et dessins documentent l'ensemble : on conserve notamment une vue de l'ancienne aile de la salle capitulaire en 1910, ainsi que des images récentes de la chapelle, du chevet, de la nef voûtée en briques, des portes, du couloir des morts, des arcades de la salle capitulaire et des murs de l'ancienne cuisine, ainsi que des vues de la double piscine et de ses lavabos.