Origine et histoire du Prieuré de Saint-Macaire
Le prieuré de Saint‑Macaire, constitué de l'église Saint‑Sauveur et des vestiges des bâtiments conventuels, se situe dans la commune de Saint‑Macaire en Gironde. Il occupe le cœur de la ville ancienne, aménagée en demi‑cercle autour de l'église, et figure parmi les monastères historiques de l'Entre‑deux‑Mers ; il se distingue notamment par les peintures murales du transept et de l'abside. L'origine du prieuré est mal connue : il succède à une villa gallo‑romaine appelée Ligena et se rattache à la figure légendaire de Makarios (Macaire). La chapelle primitive dédiée à saint Laurent, lieu de pèlerinage et de sépulture du fondateur, fut remplacée par une nouvelle église consacrée en 1038. Le prieuré connut de longues contestations avec l'abbaye Sainte‑Croix de Bordeaux, marquées par des actes de donation discutés et par la perte de reliques du fondateur. En 1096 le couvent fut détruit et la ville mise à sac par Guillaume IX, duc d'Aquitaine ; les moines rebâtirent ensuite l'église dans le style roman visible aujourd'hui. Les moines refusèrent toute obédience à Sainte‑Croix jusqu'en 1166. Du XVIe siècle jusqu'à leur expulsion en 1781, les Jésuites occupèrent le prieuré, période au cours de laquelle l'état des voûtes et diverses réparations furent régulièrement signalés. Aux XVIIIe et XIXe siècles, des aménagements intérieurs modifièrent l'usage paroissial et des travaux répétitifs furent nécessaires pour les toitures et les voûtes. La Commission départementale des Monuments historiques signala dès 1839‑1840 l'urgence de refaire la charpente et de consolider les voûtes ; le projet exécuté en 1841 remit notamment en état la couverture et entraîna la suppression du porche et la démolition de bâtiments conventuels au sud. Au XXe siècle, des restaurations ont permis de dégager la galerie méridionale du cloître et des fouilles sous la partie orientale mirent au jour, sur les murs de l'église préromane détruite en 1098, des peintures murales attribuées aux Xe‑XIe siècles ; ces fragments, décorés de rideaux et d'une frise végétale ornithologique, sont conservés au premier étage du réfectoire. Une pierre sculptée trouvée dans les fondations de la salle capitulaire, de type métope et relevant de l'art préroman, est conservée à la mairie ; une copie en bronze est incrustée dans la terrasse du 18 rue Carnot. L'église Saint‑Sauveur est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1840 et le cloître est inscrit par arrêté du 21 décembre 1925. L'édifice, de plan en croix latine, présente un chœur composé de trois absides romanes polygonales voûtées en cul‑de‑four, un carré de transept à voûte gothique associant piles romanes et pilastres, ainsi qu'une nef comportant travées et voûtures des XIIe et XIIIe siècles. Le chevet est rythmé par une corniche à billettes portée par modillons et contreforts transformés en colonnettes, et un clocher hexagonal s'élève contre le flanc nord de la nef. L'église conserve un important répertoire sculpté roman autour des absides : chapiteaux historiés figurant épisodes bibliques, figures de saints, créatures hybrides et scènes morales ou satiriques, parmi lesquelles figurent le sacrifice d'Isaac, l'Annonciation, saint Macaire entouré de démons, la femme impudique et le porteur de poisson. La polychromie des arcades date du XIXe siècle ; les peintures murales gothiques de la voûte du sanctuaire, inspirées de l'Apocalypse et de la Légende dorée, ont été restaurées au XIXe siècle, étudiées en 1997 et fait l'objet d'une restauration en 2008‑2009. Le portail occidental appartient au gothique de la fin du XIIIe siècle et présente un tympan sculpté avec le Christ, des apôtres et des anges ; les vantaux de bois du XIIIe siècle, remarquables pour leurs ferrures, sont classés et conservés dans le narthex. Le décor peint de l'abside représente des visions apocalyptiques et des scènes du Jugement dernier, tandis que la voûte du transept illustre la vie de saint Jean et des épisodes mariaux. Le mobilier rassemble reliquaires, statues (dont une Vierge à l'Enfant du XVe siècle classée), un Christ régnant du XVIIIe siècle, tableaux provenant notamment de la période jésuite, bénitiers du XIIIe siècle et autres éléments liturgiques. Les cadrans solaires, les remploi lapidaires et la clef de voûte du narthex ornée des armoiries municipales témoignent des remaniements successifs et des réemplois au fil des siècles. Cet ensemble, entre continuités liturgiques et campagnes de restauration, témoigne d'une longue histoire religieuse et artistique qui fait du prieuré de Saint‑Macaire un site majeur du patrimoine local.