Origine et histoire du Prieuré de Sainte-Victoire
Le prieuré Sainte-Victoire se dresse à 900 m d'altitude sur la crête de la montagne Sainte-Victoire, dans un vallon en pente bordé de falaises et terminé par un aven proche de la Croix de Provence, sur la commune de Vauvenargues. L'ensemble, daté de la seconde moitié du XVIIe siècle, comprend notamment le porche d'entrée (1670), la chapelle Notre-Dame-de-Victoire (1657-1661), le bâtiment des moines devenu refuge (1663-1670), une esplanade (1663), une citerne (1662) et divers vestiges, dont les ruines de la chapelle Sainte-Victoire (1663) dans la partie de l'aven non comblée. Un vaste créneau appelé la Brèche-des-Moines a été ouvert à la même époque dans la paroi sud de la falaise pour éclairer le site et offrir un belvédère. La chapelle et la façade principale du bâtiment des moines sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1978.
Une chapelle est mentionnée dès le XIIIe siècle et des ermites s'établirent sur le site ; elle devint plus tard un lieu de pèlerinage de la Confrérie Sainte-Victoire de Pertuis. Vers 1654, l'abbé Jean Aubert, ancien maître de cérémonie de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix, se retire comme ermite au prieuré et attire de nombreux fidèles ; il convainc alors Honoré Lambert, un bourgeois qui avait fait vœu de consacrer un monument à la Vierge en action de grâce pour sa guérison, de financer les travaux. En 1665, Jérôme Grimaldi-Cavalleroni, archevêque d'Aix, homologue la fondation du prieuré rural par Honoré Lambert.
Le prieuré tombe en ruine au cours du XIXe siècle puis fait l'objet, à partir de 1955, d'une restauration progressive portée par Henri Imoucha (1901-1990) et l'association Les Amis de Sainte-Victoire, créée en 1955. L'historien Pierre Vidal-Naquet souligne le rôle de cette association et de son fondateur dans la transformation de la fonction sociale de la montagne Sainte-Victoire, considérée désormais comme un espace emblématique investi d'enjeux culturels, touristiques et identitaires.
Le porche d'entrée, initialement réalisé en pierre des carrières de Bibémus et restauré ensuite avec des pierres du Pont du Gard, présente une ouverture en plein cintre et deux niches destinées à des statues ; la grille et les statues visibles aujourd'hui sont d'époque contemporaine. La chapelle Notre-Dame-de-Victoire, ouverte à l'ouest, est bâtie en moellon de calcaire blanc local ; la porte en plein cintre, surmontée d'une niche, ainsi que les angles, les encadrements et le clocher sont en pierre de Bibémus ; le clocher, daté de 1661, s'élève à 10 mètres au-dessus du mur nord et ménage une ouverture en plein cintre pour une cloche. L'intérieur présente une nef et un chœur séparés par un arc triomphal et voûtés en berceau, avec une alternance d'arcs doubleaux en tuf et de remplissage en moellon ; cloche, statues, mobilier et vitraux ont été installés à l'époque contemporaine.
La façade du bâtiment des moines, aujourd'hui refuge, est entièrement en pierre de Bibémus, percée de quatre baies et de deux portes disposées selon une symétrie classique ; à l'intérieur, quatre portes correspondant aux cellules d'origine ouvrent sur un couloir restauré en 2018 dans le même esprit que la nef de la chapelle. La Brèche-des-Moines, ouverte dans la falaise au sud de l'aven, mesure environ 12 m de haut sur 12 m de large et 3 à 5 m d'épaisseur ; elle a été pratiquée à la barre à mines et à la poudre noire pour éclairer le site et constituer un belvédère, les déblais ayant servi à aménager l'esplanade et la citerne.
En 1971, le prieuré a été cédé par la commune de Vauvenargues à une Association Provençale de Plein Air, déclarée conforme à la loi du 1er juillet 1901 sous le n° 2159 et créée le 14 mai 1955 sous le nom Les Amis de Sainte-Victoire ; cette association est agréée par le Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports, patronnée par le C.A.F. et par des associations d'excursionnistes, et reconnue d'intérêt général à titre culturel en 2013. Sa mission bénévole consiste à restaurer et entretenir les bâtiments, à gérer le refuge ouvert aux randonneurs, à préserver la chapelle pour les célébrations chrétiennes, à organiser des manifestations traditionnelles, à promouvoir la montagne Sainte-Victoire, à informer le public et à assurer l'animation, l'accueil et la protection du site.
Le prieuré est librement accessible toute l'année, sauf en cas d'interdiction préfectorale d'accès au massif pour raisons d'incendie ou lors de fermetures mensuelles pour travaux de maintenance. On n'y accède qu'à pied par plusieurs sentiers, principalement le GR9 au nord, le sentier Imoucha depuis le barrage de Bimont et le tracé rouge au sud.
En octobre 2018, la peintre Fabienne Verdier a installé son atelier nomade au prieuré pendant trois jours et y a réalisé deux diptyques inspirés par la Brèche-des-Moines, présentés ensuite dans une rétrospective au musée Granet en 2019.