Prieuré des Bonshommes de Ballots en Mayenne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Prieuré

Prieuré des Bonshommes de Ballots

  • La Maison Neuve
  • 53350 Ballots
Propriété privée

Patrimoine classé

Celle grandmontaine des Bonhommes (ancienne) (cad. ZX 28 à 30) : inscription par arrêté du 3 octobre 1988

Origine et histoire du Prieuré des Bonshommes

Le prieuré des Bonshommes de Ballots, situé en Mayenne, a été fondé en 1193 par Maurice II de Craon sur une ancienne voie reliant Craon à l'abbaye de La Roë ; il servait aussi d'hôtellerie aux voyageurs entre l'Anjou et la Bretagne. Aujourd'hui il constitue un lieu-dit au sud de Ballots, près de la lisière sud de la forêt de Craon, à environ 500 mètres de la statue de Notre-Dame-de-Pontmain ; depuis l'installation de cette statue en août 1927, on appelle parfois par abus ce prieuré « prieuré du Petit-Pontmain ». Il apparaît dans les documents sous les appellations Fratres Grandimontis manentes in foresta de Craon (1196), Ecclésia Beatea Manae forestae Credonii (1224) et La Meson Deu de la forest de Craon (1314). Le prieuré dépendait de l'ordre de saint Étienne de Muret, dit aussi ordre de Grandmont, et le sobriquet « Bonshommes » était courant pour désigner les religieux au XIIe siècle. Maurice II de Craon confirma sa fondation et, par charte de 1196, accorda une concession de terrain plus vaste dans sa forêt de Craon ; par la suite, libéralités seigneuriales et dons de bienfaiteurs enrichirent la maison, principalement sous forme de rentes en grain et en vin. Parmi les donations figurent les droits de mouture sur le moulin de la Guéhardière donnés par Vivien L'Enfant en 1205, la cession par son fils Hamelin de la dîme des poissons de son étang, et en 1217 l'attribution d'une place de maison exemptée de coutumes dans le château de Poiltré ainsi que la concession du moulin du même nom, une rente en grain qui fut échangée en 1259 contre des vignes de Ballots. En 1229, les barons de Craon autorisèrent les Bonshommes à détourner l'eau de Barillé pour leurs usages et à établir une chaussée, un moulin et une pêcherie ; Simon Chamaillard, seigneur d'Anthenaise, fit construire un nouveau moulin en 1285 et leur donna la dîme de la mouture. Selon l'abbé Angot, au XVIIe siècle les rentes se montaient à 44 boisseaux de froment et 5 pipes de vin, complétées par des dîmes et un fief. Dès le XIVe siècle, l'établissement n'était plus qu'une annexe de La Haie aux Bonshommes d'Angers et les quelques moines encore présents en 1562 semblent avoir été affectés par les guerres de religion ; en 1588, les habitants de la baronnie de Craon demandèrent au prince et à la princesse de Condé qu'on fasse revenir des moines, mais au tournant du XVIIIe siècle la maison était signalée comme délaissée depuis près de deux cents ans. En 1532, le prieuré accueillit un meurtrier cherchant le droit d'asile, et l'un de ses prieurs, Claude Ligier, sieur de Malabry, se réservait une chambre avec cabinet et garde-robe au premier étage, ainsi que des droits de pêche et de chasse lors de ses visites, le fermier ayant l'obligation de le nourrir lui et ses chevaux. Il subsiste aujourd'hui un bâtiment à aile en retour d'équerre, probablement d'anciens celliers, qui n'en représenterait que la moitié de l'ensemble primitif construit en grès roussard ; les servitudes formaient un bâtiment parallèle, la nef fermait le quatrième côté de la cour intérieure et le chœur débordait en hémicycle sur l'extérieur de l'enceinte. En 1707, l'église possédait une piscine près de l'autel et le chœur présentait des croix pattées finement sculptées ; un autel figurant un cercueil et un tableau de la Trinité furent transportés dans l'église de Ballots après la Révolution et ont depuis disparu. Le prieuré perdit ses cloîtres vers 1700 et son église à la fin du XIXe siècle. Les bâtiments et le fossé sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 3 octobre 1988.

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