Origine et histoire du Prieuré Notre-Dame de Longefont
Le prieuré Notre-Dame de Longefont, situé sur la rive gauche de la Creuse dans une boucle du fleuve, dépendait de l'ordre de Fontevraud et se trouve sur la commune d'Oulches, dans l'Indre. Fondé au début du XIIe siècle sur des terres données par le seigneur de Cors, Pierre Isambert, il fut légué à Robert d'Arbrissel et prit le nom d'Abbatia Longi Fontis. L'élément le plus ancien conservé sur le site est l'église, dont la construction paraît postérieure à 1140. Le plan du monastère formait un trapèze dont l'église occupait le côté sud ; celle-ci comprenait une nef unique et un chœur terminé par une abside en hémicycle. Après la vente du prieuré comme bien national, les ailes est et nord des bâtiments claustraux ainsi que l'extrémité occidentale de l'église furent démantelées. L'ensemble des chapiteaux romans sculptés a été conservé, tandis que le mur subsistant de l'aile orientale, largement remonté au XIXe siècle, semble appartenir à l'époque gothique. Cette aile accueillait la salle capitulaire et le dortoir et se terminait au nord par un pavillon dont le rez-de-chaussée servait de salle de communauté. Un logis prieural fut élevé à l'emplacement de l'aile ouest en 1702 et, hors clôture, la « maison du confesseur » ou « de l'aumônier » fut construite entre 1654 et 1702 pour le chapelain ; cette dernière fut remaniée dans les années 1890 par Prosper Blanchemain. Des bâtiments d'exploitation s'étendaient au sud-ouest du cloître et un moulin à blé fonctionnait sur la rive gauche de la Creuse en aval du monastère. Le prieuré fut victime d'un important incendie criminel en février 1638, événement qui provoqua la dispersion des moniales avant leur retour quelques années plus tard. La communauté fut fermée pendant la Révolution, le prieuré fut vendu comme bien national et, malgré la célébration ponctuelle d'offices, l'église tomba en ruine jusqu'à l'effondrement de la voûte vers 1830 ; elle fut alors comblée et ses portes murées. Prosper Blanchemain acheta le domaine en 1853, transforma le manoir prieural en petit château doté de tourelles et releva d'un demi-étage la maison du confesseur ; son fils Paul réunit ensuite ce domaine à sa propriété de Castel-Biray. Au milieu des années 2000, les propriétaires François et Agnès Chombart de Lauwe entreprirent la restauration de l'église après la découverte de plusieurs dizaines de chapiteaux romans, de fresques, de colonnes et de l'autel ; les travaux, menés sur huit ans et financés à 70 % par le couple, ont coûté environ un million d'euros. La chapelle romane priorale a été restituée et dédiée à sainte Philomène ; les vitraux, conçus sur le thème de l'eau et du bleu, comprennent une baie commémorative dédiée à l'une des filles des propriétaires décédée en 1998. Pour cette restauration, les propriétaires ont reçu en 2016 le Grand Trophée de la plus belle restauration décerné par Propriétés Le Figaro, Le Figaro Magazine et la Fondation pour les monuments historiques, en partenariat avec La Demeure historique. Le site présente aujourd'hui, outre l'église et le manoir prieural, le logis du confesseur dominant la Creuse, une grange des XVIIe‑XVIIIe siècles, l'emplacement du cloître, des vestiges des murs de clôture, la « fontaine bleue » et son vivier. Des études et publications ont été consacrées aux chapiteaux de Longefont et à un bloc de pierre portant les traces d'un cadran solaire multiple, et un rapport de fouilles traite des vestiges du jubé de l'église prieurale (XVIe‑XVIIIe siècles). Le prieuré Notre-Dame de Longefont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 22 février 2007.
