Origine et histoire du Prieuré Saint-Christophe-en-Halatte
Le prieuré Saint-Christophe-en-Halatte, ancien prieuré clunisien dépendant de La Charité-sur-Loire, est situé dans le hameau de Saint-Christophe sur la commune de Fleurines (Oise), dans le Parc naturel régional Oise-Pays de France, à proximité de la forêt d'Halatte et à 185,3 m d'altitude. Il remplace une petite abbaye pauvre implantée sur la butte dite Hermenc et restaurée par le seigneur Galeran (Waleran) de Senlis, qui la dota largement et la céda à l'ordre de Cluny sous forme de prieuré en 1083. La donation, autorisée par les chanoines de Beauvais et confirmée par le roi, fit du nouvel établissement un important propriétaire forestier de la région. L'église du prieuré, édifiée vers 1150-1160 par le même atelier qui travaillait à la cathédrale Notre-Dame de Senlis, illustre un gothique primitif encore marqué par des formes romanes. Si l'histoire administrative et économique du prieuré est bien documentée, sa vie spirituelle demeure mal connue et le nombre de religieux qui y vécurent reste incertain. Le prieuré exerçait la justice seigneuriale sur ses terres et fut fréquemment engagé dans des procès relatifs à l'exploitation et à l'usage des forêts environnantes. Il passe en commende avant le concordat de Bologne et, aux XVIe–XVIIe siècles, la tendance à la perception des revenus par des prieurs non résidents se confirme; la mise en location générale des biens intervient au XVIIe siècle. En 1764 on élève un nouveau logis prioral et la plupart des bâtiments anciens sont alors démolis, à l'exception du transept et du chœur de l'église. François de Pierre de Bernis devient le dernier prieur installé en 1765; nommé vicaire général d'Albi en 1782, il confie la gestion et le prieuré est affermé en 1784. La vente comme bien national en 1791 met un terme définitif à la vie religieuse sur le site et prive notamment les pauvres de Fleurines des distributions de blé assurées par le prieuré. Dans les années 1890 le domaine est acheté par Paul Adrien Joseph Argand; la propriété est revendue dans les années 1930 et le château devient une « colonie sanitaire » en 1938, puis un Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) en 1966. Depuis 2000 l'ITEP est géré par l'UGECAM et accueille une cinquantaine d'enfants à vocation médico-sociale ; il emploie environ soixante-dix personnes et héberge des enfants en internat ou chez des familles d'accueil selon les besoins. Le hameau de Saint-Christophe se compose principalement des bâtiments de l'ancien prieuré, des constructions de l'ITEP et d'une exploitation agricole; seules quelques maisons isolées complètent l'habitat. Subsistent de manière concrète l'ancienne église, le logis du prieur appelé « château de Saint-Christophe » et la ferme dite « des Moutons blancs », située à l'extrémité nord du site. La ferme, reconstruite en 1764, conserve un pigeonnier octogonal dit « du Roy », élevé sur trois niveaux dont la lucarne d'envol a été transformée en fenêtre. L'église, classée monument historique par décret du 8 mars 1923, présente un plan d'origine cruciforme exécuté exclusivement par quadrilatères ; la nef et ses bas-côtés ont disparu mais subsistent le transept, le chœur de deux travées et deux chapelles carrées. Le chevet plat, percé d'un triplet orné de colonnettes et d'une frise de feuilles, illustre la transition entre roman et gothique et renvoie aux motifs répandus dans le Beauvaisis et le Valois. L'intérieur est voûté d'ogives dès l'origine; la croisée du transept en constitue le point culminant et les piliers fasciculés annoncent les solutions du gothique. Les chapiteaux, remarquablement préservés et non restaurés, privilégient la feuille d'eau, quelques palmettes et des feuilles d'acanthe stylisées, motifs proches du grand chantier de Senlis ; des traces de polychromie subsistent dans le chœur et la chapelle sud. Une statue en pierre de saint Christophe du XVIe siècle est classée au titre des objets depuis 1938. Au fil des siècles l'église a subi des mutilations importantes : la façade occidentale, la dernière travée de la nef et la tribune furent abattues en 1764, le clocher reconstruit en 1721 fut démoli à la Révolution en 1793, mais la couverture a été rétablie et l'édifice n'est pas ruiné. La chapelle a longtemps accueilli la messe de la Saint-Hubert et cette pratique perdure, désormais à tour de rôle, dans les églises riveraines de la forêt d'Halatte. Le prieuré est aujourd'hui rattaché à la paroisse Sainte-Maxence de Pont-Sainte-Maxence.