Origine et histoire du Prieuré Saint-Louis
L’abbaye ou prieuré royal Saint‑Louis de Poissy a été fondé à l’initiative de Philippe le Bel, peu après la canonisation de saint Louis en août 1297 ; la charte de fondation date de 1304 et la dédicace de l’église priorale fut célébrée en 1331. Il s’agissait d’un établissement de dominicaines, assistées de pères dominicains, qui comprenait au centre une résidence royale et s’étendait sur plus de 48 hectares, dont environ 14 hectares étaient bâtis. L’ensemble était clos par des fortifications : certaines sources évoquent trois kilomètres de murailles, d’autres un mur d’enceinte long de 12,3 km achevé vers 1465. L’église priorale, non orientée et dirigée vers le sud comme le monastère, était une vaste construction en croix latine à trois vaisseaux voûtés d’ogives ; selon les descriptions elle mesurait environ 82,50 m sur 30 m, d’autres sources donnent 95 m sur 45 m, et ses voûtes atteignaient 30 mètres. Le transept comportait des roses et une flèche polygonale décorée de fleurons et pinacles, ainsi que des statues de saint Louis, de Marguerite de Provence et de leurs enfants ; le chœur abritait un retable offert par Jean duc de Berry, aujourd’hui conservé au musée du Louvre.
Le trésor du prieuré était exceptionnel : tapisseries, orfèvrerie, reliquaires — dont un reliquaire‑buste contenant le haut du crâne de saint Louis —, bréviaires enluminés (notamment un ouvrage attribué à Jean Pucelle et le Bréviaire de Saint‑Louis de Poissy attribué à Richard de Verdun, classé trésor national en 2014) et d’autres pièces précieuses figuraient parmi les donations royales et seigneuriales. Le prieuré connut des épisodes historiques marquants : il reçut des visites et séjours royaux à plusieurs reprises et le colloque de Poissy de 1561 se tint dans son réfectoire. En 1346, des événements militaires affectèrent la ville et le monastère; la cité fut par ailleurs prise à diverses reprises au cours des guerres.
Le 11 juillet 1695, la foudre provoqua l’effondrement des combles et des voûtes ; Louis XIV chargea Jules Hardouin‑Mansart d’un état et de travaux de restauration, qui adapta certains éléments dans un style gothique en remplaçant notamment la rose du mur nord du transept par trois lancettes. Les travaux se poursuivirent sous la direction de Robert de Cotte et de l’Assurance et furent achevés en 1726. À la Révolution, le monastère fut évacué en 1792, démembré et vendu par lots entre 1790 et 1797 ; la démolition des flèches et des marques de royauté fut mise en adjudication en décembre 1793 et l’église fut finalement détruite au début du XIXe siècle, les matériaux ayant été dispersés par des entrepreneurs locaux. En 1794 l’abbaye fut brièvement transformée en hôpital militaire pour six mois, puis vendue : l’un des lots fut acquis par Jean Bayle et l’ensemble conventuel par Jean‑Baptiste Thonnesse en septembre 1797.
Il subsiste aujourd’hui des vestiges dispersés : la porterie, qui abrite le musée du Jouet, des caves, des arcades, des traces de structures rue de l’Enclos et la moitié d’une grange dans la partie haute du domaine, certains éléments ayant fait l’objet de reconstructions au XIXe siècle pour devenir des maisons. Le prieuré, inscrit au titre des monuments historiques en 1933, garde la mémoire d’un important établissement religieux et royal situé dans les Yvelines.
