Période
2e moitié XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les restes de l'abbaye comprenant la galerie du cloître et la salle capitulaire, la façade extérieure nord du XIIe siècle et la façade occidentale du XVIIIe siècle de l'ancien prieuré avec la construction carrée surmontant la porte, délimitée par une teinte rouge sur le plan annexé au décret : classement par décret du 17 juillet 1926 - Le prieuré en totalité, comprenant l'ensemble des bâtiments (église Saint-Pierre et Saint-Paul, salle capitulaire, cloître, bâtiments conventuels, logis du prieur, granges, porterie) , cours, jardins et potager avec leurs puits, terrasses et escaliers (cad. E 237, 240 à 243, 245, 254, 266, 646 à 653) : classement par arrêté du 4 avril 2001
Origine et histoire du Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul
Le prieuré bénédictin Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny est situé dans la commune de Souvigny, dans l'Allier, au cœur de l'ancien Bourbonnais. Fondé après une donation du sire de Bourbon Aymar entre le Xe et le XIe siècle, il devint un prieuré lié à l'abbaye de Cluny et un lieu de pèlerinage après la mort des abbés Mayeul et Odilon qui y reposent. Le roi Hugues Capet s'y rendit en 996 après la mort de Mayeul. L'église priorale, reconstruite sur le modèle de Cluny III, comprenait des transepts doubles, un chœur avec déambulatoire et trois tours, et accueillit la nécropole des ducs de Bourbon. La construction du prieuré s'est déroulée en plusieurs campagnes : une première phase aux XIe–XIIe siècles, avec une nef romane élargie au XIIe siècle par deux bas-côtés et un chœur flanqué de trois chapelles d'axe; une deuxième campagne au XVe siècle conduite par Dom Chollet à partir de 1432, qui a superposé un ensemble gothique à l'église romane. L'église fut consacrée en 1063 par Pierre Damien. Au fil des siècles l'édifice a connu d'autres interventions, dont la présence des Mauristes de 1629 à 1644, des travaux aux XVIIe et XVIIIe siècles et la vente comme bien national à la Révolution. Les derniers moines furent chassés à la Révolution et l'église fut pillée; la commune vendit ensuite le prieuré à des particuliers. Les bénédictins revinrent à Souvigny entre 1875 et 1905, puis une nouvelle communauté, la communauté Saint‑Jean, s'y est installée au début des années 1990. L'église priorale fut rendue au culte en 1852 et classée monument historique en 1919; les restes de l'abbaye et la totalité du prieuré ont fait l'objet d'autres classements au XXe et XXIe siècles. Le site a conservé l'église priorale, des vestiges du cloître et de la salle capitulaire ainsi que les tombeaux ducaux conservés dans les bras du double transept. L'église, longue de 84 mètres et dont la voûte atteint 17 mètres, mêle structure romane et voûtements gothiques; sa façade gothique conserve toutefois deux clochers romans. Un pilier roman sculpté, dit Zodiaque de Souvigny, représentant un calendrier agraire lié aux signes du zodiaque, a été déplacé au musée de Souvigny. La nef a été restaurée entre 2006 et 2008; les gisants des abbés Mayeul et Odilon, profanés à la Révolution, ont été reconstitués en 2009 à partir des fragments mis au jour lors de fouilles et reposent aujourd'hui sur une table de pierre contemporaine au‑dessus d'un caveau où est exposé un sarcophage mérovingien. Les vitraux du chœur datent de 1438, une partie ayant été détruite par une explosion au début de 1918. À droite de la croisée, la chapelle Vieille présente une voûte peinte du début du XVe siècle et renferme les gisants de Louis II de Bourbon et d'Anne d'Auvergne ainsi qu'une Mise au tombeau du XVIe siècle. La chapelle Neuve, réalisée entre 1453 et 1457 par Jean Poncelet, contient le tombeau sculpté par Jacques Morel où reposent Charles Ier de Bourbon et son épouse Agnès, ainsi que d'autres personnages du Bourbonnais comme Pierre II de Bourbon et Anne de Beaujeu. La sacristie conserve des peintures murales du XVIIIe siècle. L'orgue baroque construit en 1783 par le facteur François‑Henri Clicquot est classé monument historique depuis 1975; il anime les offices et de nombreuses manifestations musicales, entretenu par des associations locales. Le cloître, réaménagé en 1432, subsiste partiellement avec cinq travées de la galerie occidentale, des corbeaux de la partie méridionale et les derniers vestiges de la salle du chapitre. Le jardin de Souvigny combine des éléments de jardin à la française et de jardin médiéval ; il comprend des pieds de vigne, 220 rosiers, des plantes médicinales et aromatiques et une fontaine qui en marque l'axe de symétrie. La porterie, datée de l'époque Louis XIII, illustre la volonté de rajeunissement des prieurs et se distingue par son petit dôme central et ses lucarnes arrondies. Le prieuré possédait plusieurs dépendances et bénéfices dans la région, parmi lesquels des prieurés et l'église paroissiale de Marigny qui dépendaient de Souvigny. La gouvernance religieuse a évolué depuis la donation d'Aymar : le monastère fut d'abord dirigé par les abbés de Cluny, puis par des prieurs attestés, le premier connu étant Guy de Mâcon; parmi les prieurs cités figurent Dom Bernard, Dom Cholet et Dom Séverin de Lanchy. De nombreuses personnalités sont liées au prieuré, au premier rang desquelles les abbés Mayeul et Odilon, ainsi que des souverains et papes qui l'ont fréquenté ou confirmé dans ses possessions. Depuis le XIXe siècle le site a retrouvé une fonction cultuelle et pèlerine : la prieurale a été proclamée Grand Sanctuaire roman d'Auvergne en 2003, le pèlerinage aux saints abbés a été relancé et un Centre diocésain d'Art, Culture et Foi y a été fondé, tandis que le sanctuaire a été reconnu comme Sanctuaire de la paix. En 2015 la maison de Bourbon a célébré le onzième centenaire de sa fondation à Souvigny lors d'une cérémonie rassemblant plusieurs centaines de personnes.
