Prieuré Saint-Pierre à Montambert dans la Nièvre

Prieuré Saint-Pierre

  • 58250 Montambert
Prieuré Saint-Pierre
Prieuré Saint-Pierre
Prieuré Saint-Pierre
Prieuré Saint-Pierre
Crédit photo : Chabe01 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété privée

Période

4e quart XIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise (cad. C 211) : inscription par arrêté du 13 novembre 1981 ; La porte d'entrée et l'escalier intérieur du prieuré avec sa rampe droite à balustres (cad. C 209) : inscription par arrêté du 13 novembre 1981

Origine et histoire

Le prieuré Saint-Pierre d'Antioche est un ancien monastère bénédictin situé sur la commune de Montambert (Nièvre), dont subsistent l'église et le logis prieural, tous deux remaniés. Rattaché au prieuré Notre‑Dame de La Charité‑sur‑Loire, il dépendait de l'abbaye de Cluny. Les sources sont rares ; une donation de l'église à Cluny est parfois datée de 1075 mais aucune preuve d'époque ne confirme cette date. Le premier document connu évoquant la paroisse est une bulle du pape Pascal II en mars 1107, reprise par une bulle du pape Lucius II en avril 1144 confirmant l'appartenance à La Charité. Les moines ont défriché et asséché des marécages, aménagé pâturages et étangs — la commune recense aujourd'hui trente‑deux plans d'eau — et ont favorisé l'apparition d'un petit village de paysans travaillant des parcelles sous leur protection. Le prieuré avait une fonction de surveillance et de gestion des domaines, bois et étangs alentour et assurait le service paroissial ; il semble avoir été un prieuré simple, sans cloître ni vie conventuelle développée, comptant probablement deux ou trois religieux entourés de familiers. À la fin du Moyen Âge l'établissement apparaît relativement prospère : en 1366 le duc de Bourgogne Philippe le Hardi fit halte à Montambert, et un pouillé du XIVe siècle taxe le prieuré à 200 livres tandis qu'en 1340 la ferme du revenu est évaluée à 617 livres. L'économie monastique reposait vraisemblablement sur la pisciculture, comme dans d'autres établissements de la région. Les visites de l'ordre de Cluny aux XVe et XVIe siècles signalent une communauté réduite mais des travaux d'entretien et de reconstruction menés par les prieurs, notamment des réparations de maisons et la construction d'une grange. En 1530 (ou 1531) le prieuré fut détruit lors d'un pillage par des « robeurs » ; plusieurs bâtiments, dont l'église, furent brûlés et des habitants tués, parmi eux le prieur commendataire Étienne de la Montagne ; les actes et parchemins originaux furent perdus dans l'incendie. Le nouveau prieur Christophe Coquille obtint en 1538 des lettres patentes de reconnaissance des limites de la seigneurie, et plusieurs terriers furent dressés pour reconstituer le temporel. Le logis fut reconstruit en 1633 par le prieur Dom Gaspard de Ramilly et les travaux furent achevés en 1661 sous le priorat de Dom Millin ; la nef de l'église date du XVIIe siècle et des travaux de plâtrerie et de boiseries sont signalés en 1779. La Révolution entraîna la vente comme bien national : l'église, dépouillée de son mobilier, servit de grange après sa vente le 26 juillet 1796 à Parent La Garenne. En 1823 François Imbart de La Tour racheta l'édifice et l'offrit à la commune de Montambert pour le culte ; les réparations menées sous la direction de l'architecte Villard permirent la restitution au culte en 1842, l'abbé Thomas étant nommé curé. D'autres campagnes de consolidation eurent lieu entre 1875 et 1878, et en 1902 l'architecte Renan fit établir une voûte en briques creuses dans la nef ; la voûte fut restaurée et repeinte en 2002. L'église, la porte d'entrée et l'escalier intérieur avec sa rampe droite à balustres sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 13 novembre 1981. Architecturalement, l'église orientée, de plan en croix latine, remonte à la fin du XIe–début du XIIe siècle ; elle présente absides et absidioles circulaires, un clocher sur la croisée du transept et un chœur couvert d'un berceau en plein cintre ouvrant sur une abside en cul‑de‑four. Le chœur conserve des lambris de chêne taillé datés du quatrième quart du XVIIIe siècle ; la nef à vaisseau est du XVIIe siècle et son fausse voûte en berceau déprimé en briques creuses date de 1902. L'élévation primitive comportait deux niveaux de baies jumelées séparées par des colonnettes, mais les baies du premier niveau ont été murées lors du rehaussement des murs de la nef ; la cloche est l'œuvre de Barbier l'Aîné. Les vitraux visibles datent du XIXe siècle ; ceux de la nef sont signés Goyet, maître verrier à Grenoble, et leur recensement figure dans l'Inventaire général établi en 1981. Le mobilier comprend plusieurs pièces d'intérêt datées du XVIe au XIXe siècle : deux bannières du XIXe siècle, fonts baptismaux provenant de Tannay (XVIe–XVIIe s.), un second ensemble baptismal du quatrième quart du XIXe siècle, un bénitier ancien transformé en cuve baptismale, un autel et un tabernacle du XIXe siècle, ainsi que calice, ciboire, croix d'autel, chandeliers, chape, christ en croix du XVIIe siècle et croix de procession du milieu du XIXe siècle. Le presbytère date de 1854 ; c'est une maison en rez‑de‑chaussée en brique et enduit, couverte d'ardoise. Le logis prieural, reconstruit au XVIIe siècle et vendu comme bien national à la Révolution, est aujourd'hui une propriété privée. Les documents antérieurs à 1530 ayant disparu, il est difficile de connaître l'étendue initiale du patrimoine ; les terriers modernes et d'époque permettent toutefois de reconstituer une partie du temporel, qui comprenait maisons, tuilerie, jardins, prés et plusieurs étangs, et une vaste forêt estimée en 1706 à 1 782 arpents, soit environ 900 hectares. Plusieurs terriers sont conservés aux archives départementales de la Nièvre (notamment H 40 à H 44 et 147 J 887) et les bénéfices du prieuré donnaient la collation de diverses cures et chapelles, parmi lesquelles Saint‑Hilaire, Lamenay, Ganay‑sur‑Loire et plusieurs hameaux environnants. Parmi les prieurs et curés mentionnés dans les sources figurent, sans exhaustivité, des noms tels que Gaspard de Ramilly (prieur en 1633), plusieurs membres de la famille Millin, et le dernier prieur connu avant la Révolution, Jean François Gérôme d'Eure de Glanne en 1778. La devise et les armoiries du prieuré sont décrites comme d'argent au sautoir de sable cantonné de quatre croix de même. La bibliographie et les fonds d'archives cités permettent d'approfondir ces éléments et de consulter les terriers et documents conservés.

Liens externes