Origine et histoire du Prieuré Saint-Vincent
Le nom « Prieuré Saint‑Vincent » se rapporte ici à deux établissements distincts : celui de Coulommiers et celui de Broussan (commune de Bellegarde, Gard).
L'église Saint‑Vincent de Coulommiers est mentionnée pour la première fois dans une bulle de 1233 qui énumère les possessions de l'abbaye de Déols, dont elle dépendit jusqu'à la sécularisation de l'abbaye en 1625 et à la réunion de l'ancien domaine régulier au duché de Châteauroux. Le plan primitif du prieuré est inconnu, mais l'inventaire dressé en 1791, au moment de sa vente comme bien national, décrit un accès par un portail faisant face à l'église et une cour bordée de bâtiments d'exploitation ; le logis prieural s'adossait à la chapelle. L'église, à vaisseau unique et chevet plat, peut remonter à la seconde moitié du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle. Les fenêtres, portes et cheminées du logis présentent des traits attribués au XVe siècle, tandis que le bâtiment conserve des traces de transformations successives. Le logis primitif (XIIe‑XIIIe siècle) semble correspondre au volume de la pièce centrale du rez‑de‑chaussée actuel ; il aurait été élevé d'un étage et doté d'une tour d'escalier hors‑œuvre en pan de bois. Une extension orientale aurait ensuite englobé la tour, puis une extension occidentale se serait développée jusqu'au chevet de l'église ; l'aile orientale du logis a été abattue en 1966.
Le prieuré Saint‑Vincent de Broussan est implanté sur la commune de Bellegarde, dans le Gard, et sa gestion relève de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence au titre de la compétence « Culture et Patrimoine ». Installé en bordure de la Costière, près du village de Bellegarde et le long de la départementale D38 qui relie Saint‑Gilles à Beaucaire, le site se compose de plusieurs constructions disposées autour d'une cour centrale fermée au sud par l'église romane Saint‑Vincent, principal vestige de l'ancien prieuré. Le prieuré se trouve sur l'un des chemins partant de Saint‑Gilles vers Saint‑Jacques‑de‑Compostelle. Édifié au milieu du XIe siècle sur un emplacement occupé depuis la Préhistoire, il bénéficie d'un environnement de terres, d'eau et de bois propice à son implantation. Les bâtiments initiaux n'ont pas été entièrement conservés.
Du début du XIVe siècle (avant 1320) à la Révolution française, la seigneurie de Broussan appartint à la maison d'Uzès ; Guiote de Posquières apporta Bellegarde et Broussan en dot à son mariage avec Robert Ier, vicomte d'Uzès, et leur troisième fils Raymond reçut ces terres par donation de sa mère le 27 mars 1341. Pendant la Révolution, le duc d'Uzès fut déclaré émigré et ses biens furent séquestrés, puis le domaine fut vendu comme bien national le 22 juillet 1796 au citoyen Jean Bruel, qui céda ses droits au sieur Alexandre Gérard le 2 août 1796. Par suite d'une mauvaise gestion, le domaine changea de mains à nouveau : il fut acquis le 22 mars 1806 par Jean‑Martin Audra, puis, après son décès le 22 mai 1808, resta en indivision pendant près de cinquante ans, d'abord en cinq parts puis en quatre à partir du 8 février 1812. Le 15 octobre 1816, Adrien‑François‑Emmanuel de Crussol, fils du duc d'Uzès, racheta la part indivise d'un des héritiers d'Audra ; en 1842 les co‑propriétaires indivis se réduisirent à deux, Etienne‑François Merlat (trois quarts) et le duc d'Uzès (un quart). La comtesse du Prat, fille de Merlat, et le nouveau duc d'Uzès procédèrent à un partage amiable daté du 27 mai 1855 qui attribua le bas Broussan à la comtesse (300 ha plus 70 ha de marais) et la cabane de Barreau et le haut Broussan au duc ; la délimitation fut constatée en juillet 1858.
La chapelle, dédiée à Vincent de Saragosse, patron des vignerons, est restée un lieu de culte rattaché à la paroisse de Bellegarde jusqu'en 1926. La chapelle et les principaux locaux restants sont actuellement une propriété privée. Depuis 2007, la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence gère le site, l'a inscrit sur sa liste de sites d'intérêt communautaire, l'a fait restaurer en 2011 et propose des visites guidées via son office de tourisme intercommunal.
L'église romane Saint‑Vincent a fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 octobre 1984, et les parties anciennes des bâtiments (corps de logis au nord‑ouest et aile au nord‑est de la cour) ont été inscrites la même année. La plus ancienne description architecturale connue de l'église a été rédigée par l'architecte Henry Révoil en 1873. En 1854, Révoil fut chargé de la restauration de la chapelle en vue du retour au culte ; il la datait de la fin du XIe siècle et attribuait la baie à la fin du XVIe siècle. D'autres études architecturales ont été menées par Jean‑François Buholzer, Pierre A. Clément et Janine Rainaud, et les éléments remarquables du site comprennent l'entrée du prieuré, le logis et le portail de l'église.