Origine et histoire du Prieuré Sainte-Gauburge
Le prieuré Sainte-Gauburge est situé sur la commune de Saint-Cyr-la-Rosière dans l'Orne, au sommet d'un vallonnement entouré d'un amphithéâtre de collines. Fondé au XIe siècle, il aurait accueilli une communauté monastique dont l'installation remonterait, selon certaines sources, à l'an 1006. Le prieuré a été successivement rattaché à plusieurs abbayes ; selon les sources il dépend d'abord de Saint-Florentin de Bonneval, puis de Saint-Père-en-Vallée de Chartres et enfin de l'abbaye de Saint-Denis. Certaines modénatures et sculptures laissent penser qu'elles ont été réalisées par des artistes venant d'Île-de-France. Au XIIIe siècle l'église et le rez-de-chaussée des bâtiments conventuels furent reconstruits. Lors de sa visite en février 1255, l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud constatait que le logis et le couvent étaient découverts et que les moines s'étaient écartés de leur règle. À la fin du XIIIe siècle le prieuré connut un renouveau et l'église fut rebâtie dans le style gothique ; un clocher y fut ensuite ajouté à la Renaissance. Après la guerre de Cent Ans le logis du prieur fut reconstruit. Attenant au nord de l'église, le logis des moines daterait du XIIe siècle, partiellement reconstruit au XIVe siècle ; une tour-escier y fut ajoutée au XVIe siècle et le premier étage remanié au XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée du logis des moines abrite la chapelle du prieur, la sacristie, la salle capitulaire et une salle voûtée, tandis que le premier étage conserve une pièce à boiseries. Une tour octogonale adossée au bâtiment supporte une tourelle en encorbellement et contient un escalier en vis qui se termine par une voûte gothique octopartite reposant sur des corbeaux sculptés. Les façades de la tour sont percées de fenêtres à meneaux ornées de personnages et d'animaux ; de part et d'autre d'une fenêtre inférieure sont représentés deux apothicaires, l'un avec son mortier, l'autre tenant un sac de simples. Les fenêtres, bouchées au XIXe siècle, ont été rouvertes et chaque niveau est décoré d'un cordon de feuilles de vigne et de raisins. L'église prieurale, rare exemple d'architecture gothique dans le Perche, a été reconstruite au XIIIe siècle sur un édifice antérieur dont subsiste le pignon épaulé de deux contreforts. La nef et le chœur sont éclairés par de grandes fenêtres ogivales ; le clocher, établi sur le côté sud et ajouté à la Renaissance, comporte cinq niveaux coiffés de frontons triangulaires ornés de rosaces et de quatre clochetons aux angles. À la base du clocher sur la façade sud s'ouvre une grande fenêtre de style gothique flamboyant ; l'intérieur présente un lavabo de style Renaissance et une charpente en berceau lambrissée. Le logis du prieur conserve deux cheminées sculptées : l'une représente l'Annonciation, l'autre la tentation d'Adam, scène du péché originel divisée en trois parties avec Ève tendant la pomme à Adam et les représentations du paradis avant et après le péché. Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, le prieuré participa à l'éducation d'enfants de familles aisées, comme d'autres établissements religieux du Perche. À la Révolution la communauté, déjà affaiblie, abandonna le prieuré qui fut vendu comme bien national ; il fut acquis le 9 juin 1791 par M. Brion de Saint-Cyr, puis revendu en 1825 aux Thibault, gérants du domaine. Transformé en ferme, le prieuré souffrit d'un manque d'entretien et l'église servit de grange. Totalement abandonné pendant une cinquantaine d'années, il fut remis en état pendant la Seconde Guerre mondiale et redevint un lieu de pèlerinage. En 1972 le prieuré accueille le musée des arts et traditions populaires, devenu l'écomusée du Perche. L'église, le logis du prieur et les bâtiments conventuels ont été classés au titre des monuments historiques le 28 avril 1980 et l'église a fait l'objet d'une restauration en 1985. Les ouvertures du logis des moines, la porte d'entrée ornée de moulures et de guirlandes, ainsi que le dais abritant une statue de la Vierge témoignent de la richesse sculptée du site.