Origine et histoire
Le canal de la Vésubie, aqueduc des Alpes-Maritimes, alimente en eau potable la ville de Nice. Le projet fut établi par l'ingénieur E. Delacroix en 1879 et la concession de construction et d'exploitation fut accordée à la Compagnie Générale des Eaux le 24 décembre 1878, après un traité signé le 27 octobre 1869 entre la ville de Nice et la Compagnie. La gestion des eaux avait été confiée à cette compagnie dès 1864, et la source de Sainte-Thècle, acquise en 1861, a commencé à approvisionner Nice le 4 mars 1864. Les travaux, engagés peu après les études, étaient bien avancés en 1881, ralentis en 1883 par des procédures d'expropriation, puis achevés en 1885. Long d'environ trente-deux kilomètres, dont une dizaine de kilomètres de tunnels, le canal alterne galeries et tranchées à ciel ouvert ; son eau est captée à Saint-Jean-la-Rivière (cote 271) et rejoint le terminal de Gairaut (cote 245), fournissant quotidiennement 275 000 m3. Le canal fut prolongé jusqu'à Menton en 1892. Avant sa réalisation, l'approvisionnement en eau de Nice reposait sur la collecte des eaux de pluie, quelques sources et des puits, solutions insuffisantes en été et mises sous pression par le développement urbain lié à l'arrivée du chemin de fer en 1864. Grâce à l'adduction, la floriculture se développa, mais des bassins filtrants mal entretenus provoquèrent des épisodes épidémiques : choléra en 1887 et 1894, puis typhoïde en 1898 avec une récidive en 1911. Sur le plan du traitement, Marius-Paul Otto développa la purification par ozonation et construisit en 1907 à Bon-Voyage la première usine mondiale appliquant cette technique pour l'adduction de Sainte-Thècle ; en 1909 une usine d'ozonation fut construite à Rimiez pour l'eau du canal avec une capacité initiale de 13 000 m3 par jour. L'usine de Super Rimiez, qui a remplacé l'ancienne installation, peut aujourd'hui traiter 150 000 m3 par jour en six étapes : tamisage, coagulation, floculation, décantation, filtration et ozonation. Des glissements de terrain sur la commune de Castagniers en 1959 et 1960 provoquèrent la rupture du canal sur plusieurs dizaines de mètres, et la portion à ciel ouvert traversant le quartier de Gairaut a été englobée dans un tunnel en 1991 ; la section entre la cascade de Gairaut et l'usine de Super Rimiez a également été rénovée. Plusieurs éléments du canal ont été inscrits au titre des Monuments historiques le 28 novembre 2001 : la prise d'eau de Saint-Jean-la-Rivière (commune d'Utelle), le siphon de Saint-Blaise (La Roquette-sur-Var et Saint-Blaise) et la section entre les vallons de la Garde et de Costa Rasta.