Origine et histoire
Le centre pénitentiaire de Caen, dit prison de Beaulieu, est situé dans le quartier de la Maladrerie à Caen et accueille des détenus condamnés à de longues peines depuis 1975. Le bâtiment datant du XIXe siècle est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 29 octobre 1975.
L'origine du site remonte à 1161, lorsque Henri II d'Angleterre y fonde une léproserie sur la route de Bayeux, couvrant 4,86 hectares et organisée autour d'un bâti au centre d'un quadrilatère. En 1696, l'établissement est transformé en maison de force destinée aux mendiants et aux prostituées, puis, au XVIIIe siècle, la Grande maladrerie tombe en ruine. À partir de 1769, sous l'intendant François-Jean Orceau de Fontette, on entreprend la construction d'un dépôt de mendicité pour enfermer pauvres, malades et délinquants, mais les travaux restent inachevés faute de financements. Beaulieu devient toutefois le principal centre de détention de la ville et reçoit aussi des personnes détenues par lettres de cachet. Après la destruction de la tour Chastimoine en 1795, la prison accueille les malades mentaux, puis perd toute vocation hospitalière en 1820 lorsque ces malades sont transférés au Bon-Sauveur.
De 1808 à 1817, l'établissement reçoit les condamnés du département, puis, par ordonnance du 6 avril 1817, devient la maison centrale de détention de Beaulieu et voit ses bâtiments aménagés en conséquence. La reconstruction est confiée en 1820 à l'architecte départemental Jean-Baptiste Harou-Romain, puis en 1821 à son fils Nicolas Harou-Romain. Le plan adopté, marqué par l'orthogonalité, comprend quatre ailes formant un carré, deux ailes perpendiculaires qui divisent l'ensemble en quatre cours de même superficie, une chapelle centrale et quatre grands pavillons aux angles, permettant la séparation stricte des quartiers hommes/femmes et des secteurs de détention et de correction. L'établissement comporte de vastes dortoirs d'une capacité théorique de 800 places et des ateliers, et il est entouré dès 1823 d'une enceinte carrée dotée de tourelles de surveillance aux angles ; en 1830 est édifié un pavillon d'entrée donnant sur la route de Bayeux.
Un incendie détruit le bâtiment sud en 1842 ; il est reconstruit entre 1843 et 1851, période au cours de laquelle les grands dortoirs sont remplacés par des cellules. L'ancienne chapelle du Nombril-Dieu, vendue en 1791 et successivement transformée en école, magasin à bois puis boulangerie, est démolie vers 1874-1875 pour permettre l'agrandissement de l'établissement. À partir de 1873, la prison est réservée aux réclusionnaires puis accueille plus tard des condamnés politiques, et la maison centrale est officiellement mise en service en 1907.
Lors de la bataille de Caen, des incendies provoqués par les troupes allemandes en déroute endommagent l'ensemble ; le bâtiment reconstruit en 1843 subsiste, tandis que seules deux ailes sont rebâties à partir de 1946 à l'ouest et à l'est, donnant alors à l'ensemble une configuration en U. En 1975, l'établissement devient un centre de détention pour longues peines et, depuis 2000, il dispose d'un service médico-psychologique régional (SMPR).
L'établissement accueille principalement des hommes condamnés à des peines définitives, majoritairement pour des délits et crimes à caractère sexuel, tout en recevant occasionnellement des détenus — y compris certains mineurs — pris en charge par le SMPR. La capacité est limitée à 438 places et le taux d'occupation était de 94 % en 2004.
Les plans initiaux sont l'œuvre de Jean-Baptiste Harou-Romain ; les travaux, commencés en 1823, durent dix ans, avec l'ajout en 1828 d'une maison pour le directeur et la réalisation en 1830 de la grande porte sur la route. Nicolas Harou-Romain participe en 1841 à la rédaction d'une instruction pour la construction des maisons d'arrêt et de justice selon le régime cellulaire. Le seul bâtiment subsistant de la prison d'époque, datant du milieu du XIXe siècle, est inscrit aux monuments historiques, et quatre miradors marquent les angles du mur d'enceinte.
Parmi les détenus notoires qui y ont séjourné figurent Patrick Henry, Francis Évrard, l'un des frères Jourdain et André Pauletto, qui est décédé dans cet établissement en 2016 après plus de cinquante ans de détention.