Origine et histoire de la Pro-cathédrale Saint-Jean-Baptiste
La pro-cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Calvi, située dans la citadelle de Calvi (Haute-Corse), est une ancienne cathédrale catholique qui fut le siège du diocèse de Sagone de 1576 à 1802. L'église primitive, dont subsistent quelques éléments, semble remonter au début de la Renaissance et aurait été détruite lors du siège de 1555, quand les flottes françaises et turques bombardèrent la citadelle. En 1567, la foudre frappa les magasins à poudre de la citadelle et détruisit l'église, ce qui entraîna la décision de la reconstruire selon un nouveau plan. Les travaux commencèrent vers 1600 ; le chœur ne fut achevé qu'en 1628 et l'ensemble de l'édifice fut terminé en 1747. La tour-clocher appartient à l'église primitive. L'édifice fut élevé au rang de pro-cathédrale en 1576 par le pape Grégoire XIII et bénéficie d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 août 1920.
L'église est conçue sur le plan d'une croix grecque, avec une coupole centrale surmontée d'un lanternon ; l'abside est en cul-de-four surbaissé et la sacristie voûtée en arcs de cloître. Des loggias avec baies grillagées ont été aménagées au-dessus des passages correspondant aux petits côtés de la coupole. La façade occidentale, assez austère et percée d'un unique portail, et la partie sud-est évoquent l'adaptation de l'édifice aux exigences de la citadelle.
L'intérieur, entièrement peint de blanc, est richement décoré et dominé par un maître-autel en marbre polychrome ; les autels des chapelles latérales sont également en marbre et séparés de la nef par une balustrade. La chapelle de droite est dédiée au Christ Noir des Miracles et celle de gauche à Notre-Dame du Rosaire ; chacune contient une niche vitrée abritant une statue d'origine italienne. La statue de la Vierge, en bois, a été offerte au XVIe siècle par Jean-Baptiste Martire, un Calvais alors au service de l'Espagne.
La collection d'œuvres et d'objets liturgiques, propriété de la commune et classée au titre des monuments historiques, comprend des peintures, sculptures, textiles et mobilier. On y relève notamment le grand triptyque sur bois La Crucifixion et l'Annonciation du peintre génois Barbagelata (1498), des fonts baptismaux de 1443 et de 1568, la statue en ébène du Christ Noir datée du XVe siècle, la Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame du Rosaire (XVIe siècle), le maître-autel et son tabernacle en marbre polychrome (XVIIe siècle), la chaire à prêcher en chêne sculpté du XVIIIe siècle, des tabernacles et bénitiers anciens, ainsi qu'un orgue de tribune et son ensemble instrumental. Le trésor comprend aussi de nombreux textiles liturgiques — chasubles, étoles, manipules, dalmatiques et chapes des XVIe au XVIIIe siècles —, plusieurs antependia peints du début du XVIIIe siècle, ainsi que divers tableaux et sculptures allant du XVe au XVIIIe siècle.
La cathédrale demeure au cœur de la vie religieuse locale : toutes les processions de la Semaine sainte calvaise partent de Saint-Jean-Baptiste, la Vierge du Rosaire y prenant différentes robes liturgiques selon les jours, et le Christ des Miracles n'est porté en procession de façon solennelle qu'en cas de calamité, comme lors de la sortie exceptionnelle de la statue en mars 2020 pour conjurer la pandémie.