Origine et histoire de la Propriété d'Émile Zola
La maison d'Émile Zola, située à Médan (Yvelines) au 26 rue Pasteur, est une petite demeure de trois travées construite au milieu du XIXe siècle. Zola l'acheta en 1878 grâce aux gains de L'Assommoir et l'agrandit selon ses besoins : il fit édifier une aile nord accueillant la cuisine, la salle à manger et son cabinet de travail, puis en 1885 une aile sud contenant la salle dite de billard. Il étendit progressivement le domaine le long de la Seine et sur l'île du Platais, où il fit poser en 1880 un kiosque norvégien et installer un chalet provenant de l'Exposition universelle de 1878, et fit construire le long de la rue le Pavillon Charpentier pour ses amis ainsi que des communs et une serre au bout du verger. L'escalier d'origine fut remplacé au début du XXe siècle par un grand escalier occupant les pièces situées à droite de la façade sur jardin.
Zola conserva la maison pendant vingt‑quatre ans, de 1878 à sa mort en 1902, en faisant de Médan sa résidence principale où il séjourna huit mois par an, retournant à Paris l'hiver ; il resta toutefois propriétaire uniquement de cette maison, louant ses résidences d'Aix et de Paris. C'est à Médan qu'il écrivit huit de ses romans, et qu'il fit réaliser, selon son idée, les tours dites Germinal et Nana. En 1888 il entra dans une relation avec Jeanne Rozerot, lingère à Médan, eut deux enfants avec elle et fit vivre sa seconde famille successivement à Paris, à Cheverchemont (commune de Triel‑sur‑Seine) puis à Verneuil‑sur‑Seine ; après sa mort, Alexandrine Zola fit reconnaître ces enfants. Depuis 1903, un pèlerinage annuel se tient chaque premier dimanche d'octobre, organisé par la Société littéraire des amis d'Émile Zola.
En 1905 Alexandrine Zola fit donation de la propriété à l'Assistance publique en vue d'un établissement de convalescence. Durant les années 1982–1983 la maison servit d'école pour personnels de santé et, par arrêté du 21 mars 1983, l'ensemble du domaine fut inscrit au titre des monuments historiques. Le musée Émile‑Zola a été inauguré dans la maison en 1984. En 1999, l'association Maison Zola–Musée Dreyfus, alors présidée par Pierre Bergé, signa un bail avec l'Assistance publique pour restaurer le domaine et y établir un musée ; le décor connu de Zola fut restitué par le conservateur Bjorn Dahlstroem : grand salon avec vitraux, salle à manger, cuisine aux carreaux de Delft, bureau de l'écrivain et chambre du couple. De nombreux objets, photographies prises et développées par Zola lui‑même et des documents sont conservés dans la maison.
Fermée pour travaux le 3 octobre 2011, la Maison Zola a rouvert fin octobre 2021 et se visite uniquement en visite guidée ; cette réouverture a été couplée à l'ouverture du musée Dreyfus, installé dans le Pavillon Charpentier et le Lazaret. Les travaux et la scénographie se sont déroulés sous l'œil de l'arrière‑petite‑fille Martine Le Blond Zola, avec les architectes Jean‑Michel Rousseau et Reda Issolah (JMR), le scénographe Christophe Martin, la graphiste Chloé Lefèvre et l'historien Philippe Oriol, qui en assure la direction. Le musée Dreyfus, inauguré par le président Emmanuel Macron le 26 octobre 2021, est le premier musée permanent dédié à l'Affaire Dreyfus ; il présente l'événement à travers l'engagement de Zola en valorisant des documents et des médias moins connus et propose des approches destinées à tous les publics, notamment scolaires. Les thématiques traitées vont de la République, de la démocratie et de la laïcité à l'antisémitisme, au racisme et à la xénophobie, à la lutte contre les discriminations, à l'engagement, au rôle de la presse et au traitement de l'information, en abordant aussi des questions contemporaines comme les fake news ou la cancel culture, et en invitant à réfléchir sur l'objet muséal pour le jeune public. Un espace est consacré à la création contemporaine — le premier invité étant Bob Wilson — et le musée présente des expositions temporaires, dont la première est consacrée à la bande dessinée sur l'Affaire par Jean Dytar. Enfin, les Amis du musée proposent rencontres, débats, projections, concerts et ressources pour chercheurs et étudiants, ainsi que la création d'un laboratoire de recherches.