Origine et histoire
La propriété dite Le Plantier de Costebelle, d'abord nommée Villa des Palmiers par sa fondatrice Hortense Pauline Husson de Prailly, est une maison d'inspiration néo-palladienne située sur les pentes de Costebelle à Hyères (Var). La parcelle de 1,68 hectare a été acquise en 1857 auprès d'Ernest Desclozeaux et la villa, vraisemblablement dessinée par Victor Trotobas, a été édifiée entre 1859 et 1861 ; la chapelle est de la même période. Avant l'achèvement de la maison, la baronne fit restaurer en 1859 un bastidon qui servit de logement provisoire, puis de ferme et de communs. Le bâtiment principal présente une façade d'apparat avec avant-corps couronné d'un fronton et une fenêtre de type palladien ; deux terrasses soutenues par arcades donnent accès à des loggias, tandis qu'une rotonde centrale surmonte une citerne et organise la distribution intérieure. La chapelle, de style néo-gothique, jouxte la maison et conserve un ensemble complet d'éléments liturgiques ; elle a été bénie par le père dominicain Henri Lacordaire, proche de la baronne. Hortense de Prailly fit aménager le parc comme jardin d'acclimatation avec l'aide d'horticulteurs tels que Charles Huber ; elle y introduisit des palmiers et des essences exotiques, parmi lesquelles Yucca filifera, Phoenix dactylifera et des Jubaea. Le jardin mêle arbustes méditerranéens et collections exotiques et a servi de conservatoire pour des plantes rares et anciennes de la Côte d'Azur. En 1896, l'écrivain Paul Bourget acquit la propriété, la rebaptisa Le Plantier de Costebelle et y résida jusqu'à sa mort en 1935 ; il y accueillit de nombreuses personnalités littéraires, politiques et militaires. À cette époque, un escalier de service extérieur fut ajouté sur la façade nord à la demande de Bourget. La propriété passa ensuite à l'héritier de Bourget, le général Marius Daille, puis à son petit‑neveu l'amiral Gérard Daille, qui a vendu le domaine en 1996, scindé entre la maison principale avec la chapelle et le parc, et la ferme avec les écuries. La maison et ses toitures font l'objet d'une inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1976. Le parc, conservé dans son esprit d'origine depuis 1857, a obtenu le label "Jardin remarquable" en novembre 2009 ; il est ouvert au public sur rendez‑vous et participe aux Rendez‑vous aux jardins et aux Journées européennes du patrimoine. Le domaine abrite une importante collection de palmiers, agaves, yuccas, cycas et autres espèces exotiques, ainsi que des essences méditerranéennes ; certains sujets sont remarquables par leur ancienneté ou leur rareté, comme les Jubaea chilensis, le Yucca filifera et le Chamaedorea microspadix. La présence d'une population relictuelle de tortues d'Hermann impose des modalités d'entretien et des périodes de fauche compatibles avec la reproduction et prohibe l'emploi de produits phytosanitaires. Le parc conserve également des éléments décoratifs de type rocaille restaurés en 2008 et d'autres fabriques de jardin qui marquent la structure historique de l'ensemble. Des travaux de restauration de la maison, de la chapelle et du parc ont été menés entre 2006 et 2013 sous le contrôle de l'architecte des bâtiments de France afin de restituer l'ensemble tel que conçu par la baronne de Prailly. Le Plantier de Costebelle porte depuis 2017 le label "Maisons des Illustres" et est membre de la Fédération des maisons d'écrivains et des patrimoines littéraires. La propriété conserve un fonds d'archives et des manuscrits de Paul Bourget — correspondances, épreuves et premiers jets — consultables sur demande pour la recherche. Classé monument historique et labellisé jardin remarquable, le Plantier illustre l'histoire d'une villa de villégiature du XIXe siècle, son parc d'acclimatation et son rôle comme lieu de création et de mémoire littéraire.
