Origine et histoire
Les Folies Siffait sont un parc aménagé entre 1816 et 1830 dans le domaine de la Gérardière au Cellier, près de Nantes, créé par Maximilien Siffait (1780-1861) et poursuivi par son fils Oswald (1813-1877). Le jardin décoratif est organisé en terrasses et présenté sous forme de ruines factices formant un labyrinthe de bases de tours, d'escaliers sans issue, de niches, de balustrades et de trompe-l'œil. Les éléments décoratifs, originellement peints de couleurs variées, alternent avec jardins suspendus et kiosques, et sont réalisés principalement en schiste ardoisé; le site offre des panoramas sur la Loire. Maximilien Siffait, architecte autodidacte, engage les travaux dès 1816 et les conduit jusqu'en 1830, poursuivant malgré le décès de son épouse et transmettant ensuite la responsabilité du domaine à Oswald en 1836. Le domaine occupe un plateau schisteux élevé d'environ quarante mètres au-dessus de la Loire et se termine par une pointe rocheuse très abrupte surplombant le fleuve; le château de la Gérardière se situe à la base du promontoire. Le site a été antérieurement occupé par un château féodal associé à un péage fluvial; au début du XIXe siècle des vestiges étaient encore visibles. Selon Jean-Gabriel Bouchaud, les travaux se sont organisés en plusieurs étapes, d'abord la construction d'un belvédère au sommet du promontoire. Vient ensuite la création d'une liaison entre le belvédère et la rive par une succession de terrasses et d'escaliers, au total vingt-trois terrasses en cul-de-sac structurées autour de deux axes croisés se rejoignant au niveau d'un salon circulaire en partie basse. Une troisième phase a concerné le flanc amont, moins abrupt mais plus vaste, où était envisagé un « palais en plein air » pour des fêtes familiales ; ces projets ont été interrompus après la mort de la fille de Maximilien au début de 1830. Bouchaud signale que les matériaux, principalement schiste et gravier, provenaient du site et que la main-d'œuvre pouvait être composée de demi-soldes et de paysans disponibles. Oswald Siffait, passionné d'arboriculture et président de la Société nantaise d'horticulture en 1848, enrichit ensuite le parc en plantant de nombreuses essences, dont araucaria, catalpa, cèdres et paulownia. Avec son épouse Rosalie, il introduit des revêtements colorés, des pagodes et kiosques d'inspiration orientale, et contribue à la diversité d'aspect qui vaut au lieu le nom de « Folies Siffait ». L'arrivée de la voie ferrée Angers-Nantes sur le chemin de halage dans les années 1840, avec le percement d'un tunnel à la pointe du promontoire, a détruit les parties basses du site et entraîné des vibrations nuisibles à la stabilité des terrains. Le site a ensuite été abandonné environ un siècle, la végétation s'y est développée et a détérioré en partie les constructions; trois bombes l'ont atteint lors des bombardements de 1944. Dès le milieu du XIXe siècle les guides de voyage décrivent les Folies avec ironie et critique, tandis qu'au XXe siècle des auteurs comme Julien Gracq en offrent une lecture plus favorable et poétique. Les Folies Siffait ont été inscrites à l'inventaire des sites en 1942 puis protégées au titre des monuments historiques par l'arrêté du 22 juillet 1992. Après la Seconde Guerre mondiale la SNCF a acquis une partie du site pour y mener des travaux de consolidation destinés à prévenir les risques d'effondrement. La redécouverte du lieu à plus grande échelle date des années 1980 grâce à des enseignants et étudiants de l'École d'architecture de Nantes; un article de 1984 contribue à sa remise en lumière. Longtemps propriété privée, le site est passé à la commune du Cellier en 1986 puis au département de Loire-Atlantique en 2007. Des études et un concours d'idées en 1986 ont préparé une remise en valeur; le choix d'une restauration d'abord minimaliste a dû évoluer lorsque la végétation est devenue dangereuse pour l'architecture, tempête et effondrements révélant l'urgence d'interventions plus substantielles. Le chantier de restauration a commencé en 1992 par des travaux de défrichement et de consolidation; entre 1995 et 2002 il a été dirigé par l'architecte du patrimoine Jean-Pierre Leconte, puis par Pierluigi Pericolo à partir de 2002. Un arrêté municipal a interdit l'accès au site en 1994 pour des raisons de sécurité pendant la phase de protection et de restauration. Le département a ouvert des visites guidées gratuites jusqu'à la fermeture au public en 2024; une visite virtuelle du site a été mise en place la même année.