Propriété Maureau

Propriété Maureau

  • 97490 Saint-Denis
Crédit photo : Nico AsLi - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1700
1800
1900
2000
1671
Fondation de Saint-Denis
1809
Acquisition par Desbassayns
1813
Laboratoire d'innovations
1827
Construction du moulin
1848
Abolition de l'esclavage
1981
Classement Monument historique
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Façades et toitures de l'ensemble des bâtiments des dépendances ainsi que le parc (cad. BL 107) : inscription par arrêté du 22 novembre 1981. En totalité, l'habitation principale du domaine du Chaudron, telle qu'indiquée en rouge sur le plan annexé à l'arrêté (cad. BL 166) : classement par arrêté du 8 juin 2017

Personnages clés

Jacob de la Haye Fondateur de Saint-Denis autour d'une forteresse en 1671.
Charles Desbassayns Propriétaire ayant modernisé l'usine sucrière au début du XIXe siècle.
Jean-Baptiste Laurent Fréon Propriétaire ayant agrandi la propriété et construit le moulin à vent.
Marie Geneviève Élisabeth Fréon Propriétaire ayant racheté l'exploitation avec son mari Sicre de Fontbrune.
Paul Charles Auguste Sicre de Fontbrune Propriétaire ayant détenu la propriété pendant une décennie avec sa femme.
Charles André Maureau Propriétaire ayant agrandi la maison de maître au XXe siècle.

Origine et histoire

La propriété Maureau, dite domaine du Chaudron, est une ancienne habitation agricole coloniale située dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis, à La Réunion. Le site a servi, à partir de 1813, de laboratoire pour de nombreuses innovations introduites sur l'île dans la production du sucre ; il ne subsiste aujourd’hui que des vestiges des usines successives, parmi lesquels la tour en partie ruinée d’un moulin à vent, des magasins et des écuries. L’organisation spatiale était classique : la maison de maître se trouvait au sud de la route entourée d’un parc, à l’est se trouvaient les logements des domestiques avec cuisines, remises et écuries, au sud les bâtiments d’exploitation comprenant forges et logements pour les travailleurs, et à l’ouest la sucrerie, la distillerie et l’un des rares moulins à vent destinés au broyage de la canne. Le moulin à vent, daté 1827 sur la clé d’une baie, fut construit par Fréon comme complément du moulin à vapeur lors de l’agrandissement du domaine, avant d’être ensuite délaissé au profit des machines à vapeur. L’histoire du Chaudron est étroitement liée à celle de Saint-Denis, dont la fondation autour d’une forteresse posée par Jacob de la Haye en 1671 a structuré les lieux-dits environnants. Les propriétaires successifs ont été les Desbassayns, les Sicre de Fontbrune, les Lory, les Bellier de Villentroy, les Maureau et les Le Clézio ; le domaine avait été acquis initialement par Guy Léon auprès de la veuve Lapeyre. Charles Desbassayns, qui acquit 75 hectares en 1809 contre des lots de café et des piastres, fit basculer la production du domaine vers la canne et dote l’usine de machines modernes : une nouvelle sucrerie en 1815, un moulin mécanique en fer et, en 1817, une pompe à feu de six chevaux, faisant du Chaudron la première usine sucrière mécanisée de l’île. Endetté, Desbassayns revendit l’exploitation en 1822 à Jean-Baptiste Laurent Fréon, qui agrandit la propriété ; en 1823 la plantation comptait 29 esclaves, majoritairement désignés comme « Mozambiques ». À la mort de Jean-Baptiste Laurent Fréon en 1833, l’exploitation fut rachetée par sa sœur Marie Geneviève Élisabeth Fréon et son mari Paul Charles Auguste Sicre de Fontbrune, qui la détenaient pendant une décennie. La famille de Lory acquit la propriété en 1843 et, en 1847, on y recensait encore 244 esclaves ; sous leur direction la plantation passa de 177 à 250 hectares et la maison de maître fut agrandie pour servir notamment de rendez-vous de chasse, avec l’ajout de pièces et la construction de chenils et d’écuries. L’abolition définitive de l’esclavage en 1848, accompagnée d’indemnisations aux propriétaires, provoqua le départ massif des travailleurs captifs ; les planteurs se tournèrent alors vers l’engagisme, principalement en provenance de l’Inde, et réorganisèrent les cultures : en 1852, sur 316 hectares, 49 % étaient en canne, 12 % en manioc, 6 % en embrevades et 33 % en jachère. La crise sucrière de la fin du XIXe siècle, liée au développement de la betterave en métropole et à l’ouverture du canal de Suez, entraîna une forte disparition d’usines et l’usine du Chaudron n’y résista pas. En 1897, au moment de l’acquisition par les époux Bellier de Villentroy, le domaine employait 112 hommes et accueillait 100 fermiers créoles logés sur place. Au XXe siècle, racheté en 1905 par Xavier Sicre de Fontbrune, puis en 1918 par Charles André Maureau, le domaine prit sa configuration définitive : la maison fut agrandie, dotée d’une cuisine en pierres séparée par un sas extérieur et d’un toit rehaussé par un terrasson pour améliorer l’étanchéité. Entre les deux guerres, au‑delà de la canne cultivée jusque dans les années 1960, le domaine exploita des filaos, des cultures vivrières et divers élevages, et employait un personnel nombreux composé de cuisinières, femmes de chambre, palefreniers et familles de colons. La propriété ne couvre plus que dix hectares aujourd’hui et appartient pour moitié à la famille Maureau et pour l’autre moitié à la famille Le Clézio. Le quartier du Chaudron s’est profondément transformé à partir des années 1960 : face à l’accroissement démographique, des programmes de logements sociaux lancés en 1965 et réalisés par la SIDR ont livré au total 2 050 logements pour environ 9 500 habitants, et la zone s’est urbanisée en ensembles résidentiels, sites industriels et commerciaux tout en conservant des éléments de son identité, comme son marché forain ; le temple hindou édifié pour les engagés indiens a par ailleurs été restauré en 2018. Sur le plan patrimonial, les façades et toitures de la maison de maître ont été classées Monument historique et l’ensemble des façades et toitures des dépendances ainsi que le parc ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire par arrêté du 22 novembre 1981 ; la maison principale a cependant été entièrement détruite par un incendie le 24 janvier 2024.

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