Origine et histoire du Quadrilatère du Manio
Le tumulus du Manio, ou tertre du Manio, est un tumulus mégalithique situé à Carnac (Morbihan), surmonté d’un grand menhir portant des gravures serpentiformes. Postérieurement à sa construction, il a été englobé dans l’ensemble mégalithique des alignements de Kermario. Classé au titre des monuments historiques en 1900, le site a fait l’objet de fouilles en 1922 par Zacharie Le Rouzic et les époux Péquart, qui ont noté à cet endroit un bombement anormal des alignements et la présence d’un menhir nettement plus élevé que la moyenne.
Le tumulus présente une forme trapézoïdale de 35 m de long, avec 11 m de largeur côté occidental et 16 m côté oriental. Son intérieur est composé d’une succession de massifs circulaires accolés, chacun délimité par des dalles et blocs de granite juxtaposés et implantés dans une couche d’argile rapportée formant assise. Dans sa partie la plus élevée, au nord-est, se dresse un menhir de plus de 4 m de hauteur, dont 3,50 m hors sol ; sa base repose dans une fosse de fondation creusée dans l’arène granitique et est calée par un anneau de pierres disposé sur 3 m de rayon et 0,80 m de hauteur. Sur une face de la base du menhir figurent cinq traits serpentiformes en grande partie masqués par le tumulus.
À environ 1 m au sud‑ouest de la base, les fouilleurs ont découvert un coffre funéraire délimité par des murets et recouvert d’une grande dalle de plus de 3 m, dont la face externe porte la gravure d’une hache emmanchée longue de 0,60 m. Un second coffre, situé à quelques mètres à l’ouest, présente une architecture différente : il est formé de dalles jointives fichées en terre et devait être recouvert à l’origine par une dalle brisée retrouvée à proximité, mesurant 1,30 m sur 1,10 m. Plusieurs petites cavités, larges et profondes de 0,20 à 0,30 m, ont été mises au jour dans la masse du tumulus ; trop réduites pour servir d’espaces funéraires et disposées en deux files parallèles dans la partie ouest, elles pourraient correspondre à des structures de calage, de type « trous de poteaux », pour un édifice en bois ancien. La partie nord du tumulus comportait en outre une série de foyers.
Les fouilles de 1922 ont permis la découverte de quatre lames de hache polies déposées au pied du menhir et d’une cinquième à environ 1 m, ensemble interprété comme un dépôt intentionnel de type dépôt de fondation. Le premier coffre contenait une poterie et une armature de flèche à tranchant transversal. De nombreux fragments de meules présentant des traces de rubéfaction ont été retrouvés dans la masse du tertre.
La construction du tumulus est antérieure à celle des alignements. Plusieurs tumulus sont encore visibles à proximité, notamment le quadrilatère du Manio à environ 300 m au nord et le tumulus de Kerlescan à un peu moins de 600 m au nord‑est, et il existait à 40 m au nord‑ouest un tumulus semblable, aujourd’hui détruit, qui comprenait un coffre funéraire recouvert d’une dalle de 2 m de long. L’ensemble pourrait avoir constitué une nécropole.