Origine et histoire
Le fort Moselle est un système bastionné construit par Louis de Cormontaigne au XVIIIe siècle sur la rive gauche de la Moselle, au nord‑est du centre‑ville de Metz. Aujourd'hui, le toponyme Fort‑Moselle désigne l'îlot compris entre la Moselle et le canal creusé ultérieurement dans les douves sèches aménagées pour la défense de l'ouvrage militaire. Un arrêt de bus du réseau LeMet' porte encore ce nom à proximité de l'emplacement historique.
Louis XIV confia à Vauban l'examen des fortifications de Metz ; ce dernier visita la place en 1675 et écrivit : « Les autres places du royaume couvrent la province, Metz couvre l’État ». Les plans de Vauban furent partiellement suivis en 1676, puis repris par son élève Louis de Cormontaigne, maréchal de camp et directeur des places fortes, entre 1728 et 1749. Cormontaigne construisit deux systèmes bastionnés, l'un sur la rive gauche de la Moselle et l'autre sur la rive droite de la Seille, et conçut la double couronne du fort de Bellecroix en miroir.
La double couronne destinée à protéger les fronts de la Moselle et de la basse Seille fut réalisée sous sa direction ; le fort Moselle couvre le front de la Moselle au nord‑ouest. L'État acquit les terres, habitations et jardins situés à l'extrémité du Pont‑des‑Morts, sur la rive gauche du bras le plus occidental de la rivière, où la Moselle se divise en plusieurs bras formant des îles avant de se reformer à l'ouest de Saint‑Julien‑lès‑Metz. La première pierre de l'ouvrage fut marquée par une médaille placée au nom du maréchal de Belle‑Isle, et la construction commença en juillet 1728 sur les terrains expropriés.
Vingt bataillons venus du Ban‑Saint‑Martin assurèrent les terrassements, campant temporairement sur l'île du Saulcy, et les travaux se poursuivirent pendant trois ans jusqu'à la fin de 1731. L'ouvrage, protégé par des fossés secs et des bastions, comprenait hangars, magasins militaires, une caserne d'infanterie et un hôpital militaire construits entre 1732 et 1734, une caserne de cavalerie bâtie entre 1742 et 1753, ainsi qu'une auberge nommée « À la reine de France » ouverte en 1743 ; l'église Saint‑Simon‑Saint‑Jude fut édifiée sur la place de France en 1737 pour les exercices militaires des deux casernes voisines.
À partir du début des années 1860, pour faciliter le transport fluvial dans le sillon mosellan entre Jouy‑aux‑Arches, Metz et Thionville, on décida de creuser le « canal des mines de fer » ; les travaux commencés sous le Second Empire en 1867 furent achevés après la Première Guerre mondiale, notamment sur le secteur de Metz au début des années 1930. Avant ce canal, les péniches traversaient la ville par l'étroit bras oriental de la rivière, entre la Préfecture et la Cathédrale ; le nouveau tracé contourna la cité par l'ouest et transforma une partie des douves sèches du fort en canal et en port fluvial pour la manutention des matières transportées.
Depuis lors, le Fort‑Moselle et les constructions voisines se trouvent sur une île artificielle entre rivière et canal, desservie par six ponts : le Pont‑des‑Morts, le Pont de fer, le pont Éblé, le Pont de Thionville (ou Pont Tiffroy), le Pont Jean Monnet et le pont Louis Faidherbe. Les bâtiments servirent d'entrepôts et de casernement jusqu'à la Révolution, puis d'entrepôts avant d'être désaffectés. En 1946, le conseil municipal approuva la cession à la ville de différents bâtiments militaires, parmi lesquels figuraient la caserne de cavalerie, la caserne d'infanterie et l'hôpital militaire du fort Moselle, ainsi que les casernes Chambière, Féraudy et Krien, la prison militaire et l'église Saint‑Pierre‑aux‑Nonnains.