Quatre gisements préhistoriques à Montmaurin en Haute-Garonne

Quatre gisements préhistoriques

  • 31350 Montmaurin
Crédit photo : Didier Descouens - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

XIXe siècle
Époque contemporaine
1900
2000
1902
Graffitis de Norbert Casteret
1940
Fouilles des Abeilles
1949
Classement monuments historiques
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Grotte dite de Montmaurin ou Boule ; abri Chantier de la Terrasse ; grotte de Coupe-Gorge et niche du Néanderthal (cad. A 124) : classement par arrêté du 14 décembre 1949

Personnages clés

Raoul Cammas Découvreur de la grotte de la Niche.
Norbert Casteret Explorateur ayant laissé des graffitis dans les grottes.

Origine et histoire

Les grottes de Montmaurin sont un ensemble de cavités karstiques creusées dans les gorges de la Seygouade sur la commune de Montmaurin, en Haute‑Garonne. Le remplissage archéologique de ce complexe couvre une très longue période, depuis l'interglaciaire Mindel‑Riss jusqu'à l'époque gallo‑romaine. Plusieurs cavités ont livré des fossiles humains ; la mandibule dite de Montmaurin, issue de la grotte de la Niche, fut longtemps considérée comme le plus ancien fossile humain de France. La grotte des Abeilles est le premier site où a été reconnu le protoaurignacien, et les principales cavités — la Terrasse, Coupe‑Gorge et la Niche — constituent des gisements majeurs pour la connaissance des phases anciennes du Paléolithique en France. À proximité se trouvent les grottes de Lespugue, qui partagent la même formation géologique et dont la grotte des Rideaux a livré la Vénus de Lespugue ; d'autres cavités de Montmaurin, dans la vallée de la Save, font partie de cet ensemble régional. Les grottes sont situées dans le sud de la Haute‑Garonne, dans le pays du Nébouzan, principalement en rive droite de la Seygouade et s'ouvrent vers le nord‑ouest dans l'ancienne carrière dite « carrière Miro », tandis que la grotte des Abeilles et la grotte Zubiate se trouvent sur la rive gauche. L'interfluve Save‑Seygouade constitue un milieu naturel remarquable, couvert par une ZNIEFF, où des stations‑refuges fraîches et des soulanes chaudes ont permis la persistance d'une diversité végétale et faunique importante. Cet ensemble karstique, riche en restes fossiles et en vestiges archéologiques, a été qualifié par plusieurs spécialistes de haut lieu pour l'histoire du peuplement et de l'évolution humaine en Europe. Géologiquement, les cavités s'inscrivent à l'extrémité occidentale des Petites Pyrénées dans des calcaires du Danien (Dano‑Montien) et s'organisent en cinq terrasses alluviales corrélées au système des terrasses de la Garonne. Le réseau karstique se développe sur quatre niveaux liés à l'enfoncement progressif de la Seygouade, de sorte que les dépôts les plus anciens se trouvent dans les cavités les plus élevées ; la rivière coule aujourd'hui à environ 308 m d'altitude. Les grottes occupent essentiellement trois étages de la falaise : au niveau supérieur la grotte Boule (autrefois dite grotte de Montmaurin) et la grotte de la Terrasse à ~40 m au‑dessus de la rivière ; au niveau intermédiaire la Coupe‑Gorge et la Niche à ~25 m ; et au niveau inférieur le complexe du Putois à proximité de la route D633, à ~4 m au‑dessus de la rivière. D'autres cavités, parfois citées dans la littérature, incluent les Abeilles, Zubiate, Clarens et plusieurs poches et failles qui ont été partiellement ou totalement détruites par l'avancée des carrières ; une des grottes porte des graffitis signés Norbert Casteret datant de 1902. Le site présente des occupations très diverses : des niveaux acheuléens sont attestés à la Terrasse, à Coupe‑Gorge, à la Niche et à la Boule ; des industries moustériennes sont présentes à Coupe‑Gorge, au Putois et aux Abeilles ; le proto‑Aurignacien et l'Aurignacien ancien sont documentés surtout aux Abeilles et à la Niche ; des indices du Magdalénien, de l'âge du Bronze et de l'âge du Fer apparaissent dans les niveaux inférieurs du Putois. La grotte Boule, connue de longue date, renferme notamment la « brèche à Machairodus » riche en faune fossile et associée à un Acheuléen tardif, avec un cortège comprenant Rhinoceros mercki, Machairodus latidens, Equus et d'autres mammifères. La Coupe‑Gorge a livré des vestiges humains attribués à des intervalles anciens du Pléistocène moyen et des restes remarquables de faune en connexion anatomique, comme un squelette presque complet de lion des cavernes et un squelette d'ours des cavernes. La Niche, découverte par Raoul Cammas, est une galerie verticale qui a fourni un important mobilier lithique et osseux ainsi que la mandibule de Montmaurin ; son remplissage, complexe, a traversé plusieurs phases et inclut des niveaux aurignaciens associés à faunes froides. La mandibule de Montmaurin, datée du MIS 7 et présentée comme présentant certains caractères néandertaliens tout en restant globalement plus archaïque, apporte des éléments significatifs au débat sur l'évolution humaine du Pléistocène moyen. Le Putois, groupe de quatre ouvertures à l'étage inférieur, a livré des sépultures et des foyers de l'âge du Bronze, des niveaux magdaléniens et un mobilier osseux finement travaillé, dont une pendeloque gravée et des armatures en bois de renne ; une partie importante du mobilier est aujourd'hui conservée au Musée d'Archéologie nationale, au Musée national de Préhistoire et au Service régional de l'archéologie. La grotte de la Terrasse a révélé un gisement de quartzites taillés dans un remplissage sur lit de galets et une stratigraphie complexe renvoyant à des occupations acheuléennes. La grotte des Abeilles, fouillée dès les années 1940, a livré une longue séquence stratigraphique comprenant un niveau moustérien et plusieurs phases aurignaciennes, du proto‑Aurignacien à l'Aurignacien ancien, avec une faune dominée par bovin, cheval et renne et des restes humains. La grotte Zubiate, petite cavité ouverte par la carrière, a fourni un crâne humain sans mobilier avant d'être détruite par l'exploitation. Quatre grottes — Coupe‑Gorge, Boule, la Terrasse et la Niche — ont été classées monuments historiques sous une même dénomination, mesure prise en 1949. L'avancée répétée des carrières de calcaire a constitué une menace permanente pour le site, poussant à des fouilles de sauvetage et à des actions administratives et judiciaires visant à encadrer ou limiter les exploitations, tandis que des diagnostics archéologiques ont été menés sur les zones concernées. Le musée de Montmaurin, installé dans l'ancien presbytère, présente une sélection d'objets préhistoriques et gallo‑romains, un espace consacré à la préhistoire locale et une vitrine dédiée aux restes humains de Montmaurin ; une partie des collections exhumées sur le site est également conservée dans des établissements nationaux.

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