Origine et histoire de La redoute
La redoute dite Louis XIV, située à la limite des communes d’Urrugne et de Biriatou, fait partie du vaste dispositif de fortifications de la Rhune érigées entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle pour protéger la frontière lors des conflits franco-espagnols. Cet ouvrage, inscrit au titre des monuments historiques en 1997, domine la Bidassoa et offre une vue sur l’île des Faisans. Recouverte en partie d’une végétation épineuse, sa structure est mal lisible sur les photographies ; un croquis de F. Gaudeul figure dans l’ouvrage collectif Urrugne (Éditions Ekaina, 1989). La redoute a la forme d’un pentagone irrégulier dont un côté, celui du sud‑ouest qui regarde la carrière et la Bidassoa, est enfoui dans la végétation ; les autres faces sont encore visibles. Elle est pourvue d’un parapet continu précédé d’un fossé large de 5 à 7 mètres, le parapet dominant le fond du fossé d’environ 1,50 à 1,60 mètre ; ses dimensions maximales atteignent approximativement 60 mètres du sud au nord et 90 mètres d’ouest en est. En direction de la Bidassoa, le rempart est prolongé par un croissant de terre long d’environ 40 mètres ; la partie orientale est partiellement couverte par un rempart en équerre d’environ 75 mètres, probablement inachevé.
La redoute Louis XIV a été utilisée lors des guerres de la fin du XVIIIe siècle : elle fut attaquée et prise par les troupes du général Caro le 23 avril 1793, reprise par les soldats du général Servan conduits par La Tour d’Auvergne le 26 juin, de nouveau enlevée le 23 juillet puis reconquise le 14 janvier 1794 ; elle resta défendue malgré d’autres assauts au début de 1794. Pendant la campagne de 1813, le maréchal Soult y installa un poste de commandement en préparation de l’offensive contre San Martzial, et l’ouvrage fut défendu par le 15e régiment de ligne de la brigade Pinoteau lors de l’attaque alliée du 7 octobre 1813 ; les Français durent alors l’abandonner et se replier sur la Croix des Bouquets.
La redoute Louis XIV s’inscrit dans un ensemble de plus de vingt ouvrages — redoutes en étoile, polygones, pentagones ou formes ovoïdes — répartis sur les communes d’Ascain, Sare et Urrugne, et partiellement sur Saint‑Pée‑sur‑Nivelle et Biriatou. Ces petites fortifications, élevées sur des crêtes et des mamelons, avaient pour fonction d’abriter des fantassins, d’offrir des emplacements de tir et, pour certaines, de servir de batterie d’artillerie ; elles reposaient souvent sur des aménagements sommaires, fossés et parapets, parfois adossés à des ruines antérieures. Lors des combats de 1793-1794 et de l’automne 1813, ce réseau permit de contenir à plusieurs reprises des offensives mais révéla aussi des limites : ses ouvrages, peu capables d’appuyer des contre‑attaques en raison de leur faible capacité et de la difficulté d’en sortir, pouvaient être isolés et dépendaient d’un soutien extérieur pour être dégagés. La redoute Louis XIV reste, par son état visible et sa localisation, un témoin des défenses installées sur la Rhune et des affrontements qui s’y sont déroulés.