Origine et histoire de la Redoute Marie-Thérèse
La barrière de l'Esseillon, dite aussi forts de l'Esseillon, est un ensemble de cinq fortifications situées entre Avrieux et Aussois, en Savoie, au verrou rocheux qui ferme la haute vallée de l'Arc en amont de Modane. Construites entre 1819 et 1834 avec les indemnités versées par la France au royaume de Sardaigne après le congrès de Vienne, ces positions furent édifiées sous la pression de l'Autriche pour protéger la partie cisalpine du royaume sarde contre une éventuelle invasion française. Elles comprennent quatre forts et une redoute, qui portent les noms de membres contemporains de la Maison de Savoie, et protègent l'accès au col du Mont-Cenis en remplaçant les ouvrages du val de Suse détruits lors des campagnes napoléoniennes. Le tracé routier amélioré vers le col conférait à ce passage une importance stratégique, appréciée par l'Autriche comme protection de ses possessions italiennes.
Conçues selon le modèle de Montalembert, ces fortifications privilégient des dispositifs perpendiculaires et des tours à canons permettant des tirs croisés entre ouvrages. Quatre forts occupent la rive droite de l'Arc sur la commune d'Aussois, tandis que la redoute Marie-Thérèse se trouve isolée sur la rive gauche, accessible à pied par une passerelle surnommée pont du Diable et par la RD1006 en voiture ; un corps de garde relié par un souterrain franchit cette voie pour rejoindre la redoute. Le fort Victor-Emmanuel est le plus vaste et pouvait accueillir une garnison de 1 500 hommes ; le fort Charles-Albert ne fut jamais achevé ; le fort Charles-Félix, construit entre 1820 et 1827, fut partiellement détruit sur ordre de Napoléon III en 1860 ; le fort Marie-Christine est le plus élevé et le plus proche du village d'Aussois.
Ces ouvrages n'ont jamais été engagés en combat ; l'alliance franco-sarde de 1857 les rendit obsolètes et le traité de Turin prévoyait leur destruction par la France, obligation qui ne fut pas complètement exécutée. Après l'annexion de la Savoie en 1860, l'armée française réalisa des aménagements pour les utiliser en défense inverse, et, en 1943, le fort Victor-Emmanuel servit de prison. Une tranchée bastionnée, aujourd'hui disparue, reliait le fort Marie-Christine au fort Charles-Albert pour protéger le nord du quadrilatère et permettre à l'ensemble de servir de camp retranché susceptible d'abriter 10 000 hommes.
Quatre des ouvrages sont protégés au titre des monuments historiques (les forts Charles-Félix et Marie-Christine depuis le 27 juin 1983, et les forts Victor-Emmanuel et Marie-Thérèse depuis le 30 décembre 1991). Restaurés ou en cours de restauration, ils sont aujourd'hui investis par le tourisme, la culture, la gastronomie et les activités sportives, avec notamment une via ferrata, des parcours d'accrobranche et des tyroliennes autour de l'Arc et près de la redoute Marie-Thérèse. L'Association des Forts de l'Esseillon, créée en 1970 et intervenant depuis 1972, organise un chantier de bénévoles qui a permis la remise en valeur des ouvrages ; le fort Marie-Christine, premier restauré, accueille désormais un centre culturel, un gîte d'étape et l'une des entrées du parc national de la Vanoise.