Origine et histoire
Le réduit de Kerdonis est un ensemble de fortifications du XIXe siècle situé à la pointe de Kerdonis, sur la commune de Locmaria à Belle-Île-en-Mer (Morbihan). La pointe ne semble pas avoir été fortifiée avant la seconde moitié du XVIIIe siècle ; c’est là que les Anglais débarquèrent le 22 avril 1761 lors de la prise de l’île après leur échec à Port Andro. Au XVIIIe siècle le site comprenait une batterie et un réseau de tranchées, et il fut bombardé par la flotte anglaise en 1761 puis à nouveau le 7 juin 1795, lors de la bataille de Groix. En 1782 on aménagea une redoute d’infanterie et une nouvelle batterie, qui resta armée et occupée pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire ; en 1803 elle disposait de deux canons de 24 livres et d’un mortier de 12 pouces, et en 1813 on y relève encore plusieurs pièces réparties entre la batterie et la redoute. La batterie possédait un corps de garde, un magasin à poudre et un fourneau à réverbère. La Commission mixte d’armement de 1841 conserva la position et prévit un armement de deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22 cm, ainsi qu’un réduit défensif destiné à abriter vingt hommes. Les études pour la construction d’une nouvelle batterie débutèrent en 1846 mais achoppèrent sur le choix de la position : la batterie existante était jugée trop élevée pour être efficace, tandis qu’une installation à mi-falaise exigeait des déblais importants et risquait de laisser le réduit dominé. Lors de la reprise des projets en 1857 plusieurs variantes furent successivement envisagées, conduisant finalement à des décisions contradictoires du Comité des fortifications en 1858 et 1860 concernant le placement de la batterie et du corps de garde. Le corps de garde crénelé, de modèle 1846 n°3, est daté vers 1858 ; la batterie fut construite en 1859, le corps de garde achevé en 1860-1861 et les « dés » en maçonnerie des quatre plates‑formes d’artillerie furent mis en place en 1862. La batterie de Kerdonis n’est pas retenue par la commission de défense des côtes en 1874 et elle est cédée au ministère de la Marine en 1932. Un détachement chargé de la défense du phare est mentionné en 1939-1940, et une batterie de circonstance armée de deux canons de 95 mm existait alors à la pointe. Pendant l’Occupation, les Allemands utilisèrent le phare comme vigie et le corps de garde comme casernement. Le site fut vendu par les Domaines à un particulier en 1961 ; il reste privé et fermé au public. Le fortin de Kerdonis fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 30 octobre 2000. Description sommaire : la position de batterie conserve un corps de garde crénelé, encastré dans le relief de la pointe et protégé par les rochers, ainsi que les aménagements d’artillerie associés.