Origine et histoire du Relais de poste à chevaux
Le relais de poste de Launois-sur-Vence est l'un des rares témoins des relais postaux de l'Ancien Régime. Le relais a été construit en 1654 ; le corps de logis date de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il était implanté à l'intersection de deux axes routiers, l'axe Sedan–Paris via Mézières et Charleville et l'axe Stenay–Aubenton, le premier étant le plus stratégique. Établi comme relais de poste aux chevaux et demeure des Messageries Royales, il restait ouvert jour et nuit au trafic des voyageurs et des marchandises. En 1762 un carrosse Paris–Sedan y passait une fois par semaine, et au début du XIXe siècle la desserte était d'une diligence par jour. Le relais accueillait aussi des charrettes « d'utilité publique » et de petits attelages ; l'équipage était changé au relais suivant et les chevaux revenaient à Launois menés par un postillon. Les postillons exerçaient dans des conditions rudes et assuraient des rotations fréquentes pour maintenir la régularité des liaisons. L'activité du relais a été favorisée par la fondation de Charleville par Charles de Gonzague et par l'implantation d'une importante manufacture d'armes royale dans la région. Certains attelages transportaient le saumon pêché dans la Semoy par les moines vers les tables royales de Versailles, ce dont témoigne une plaque de postillon conservée au Musée de La Poste à Paris. La charge du relais était tenue par la famille Potier, dynastie de maîtres de poste qui, à la fin du XVIIIe siècle, disposait d'une écurie de douze chevaux. Les Potier ne collectaient pas et ne distribuaient pas le courrier, mission des maîtres des courriers ; ils complétaient leurs revenus par l'agriculture et ont acquis des biens nationaux pendant la Révolution. La concurrence du chemin de fer et le déclin des diligences ont entraîné la fermeture du relais comme point de transit ; il fut ensuite utilisé comme exploitation agricole. Restauré à la fin du XXe siècle par une association d'animation culturelle puis de sauvegarde du patrimoine, le site appartient aujourd'hui à cette association. Il accueille aujourd'hui 60 000 visiteurs par an. Il est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 3 mai 1994. L'ensemble architectural forme un quadrilatère ouvert centré sur la demeure du maître de poste, surmontée de chambres pour les voyageurs et flanquée de deux portes charretières. Une cour intérieure est bordée d'un corps de logis ; s'y ajoutent une vaste halle aux diligences, une suite d'écuries et une bergerie. La porte charretière nord est surmontée d'une loge de guetteur à colombages, aménagée pour la surveillance de l'extérieur et de l'intérieur du relais. La halle aux diligences, œuvre des compagnons charpentiers ardennais, est qualifiée de « cathédrale de bois » ; elle utilise du bois d'aulne réputé pour résister à l'humidité. L'aménagement intérieur organisait le circuit des chevaux : à l'arrivée ils buvaient, étaient pansés et nourris, puis disposaient d'environ 48 heures pour reprendre des forces. Lors de la transformation en exploitation agricole, la halle a servi de grange et l'ensemble a été adapté aux usages agricoles. Des caves voûtées se situent sous le bâtiment et les écuries sont surmontées de greniers à grain et à foin. Les dépendances abritent aujourd'hui un verger de variétés fruitières traditionnelles — poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers et noyers — et une roseraie constituée par un chercheur de l'INRA rassemblant des rosiers anciens provenant des cimetières ardennais.
