Origine et histoire du bastion Saint-André
Les remparts et le demi-bastion 17, dits Fort Saint-André, constituent un élément des fortifications d'Antibes. Ce monument est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 23 janvier 1930. Historiquement, Antibes se trouvait à la frontière entre la France et le duché de Savoie ; jusqu'au milieu du XVIe siècle la ville ne possédait que l'ancienne fortification de la fin de l'Antiquité, remaniée au Moyen Âge. En 1552 une première campagne de modernisation des défenses fut lancée par Henri II, avec la construction de la tour Saint-Jaume et de l'embryon du futur Fort Carré, attribués à l'ingénieur Jean de Saint‑Rémy. À la fin du XVIe siècle une première enceinte existait déjà. De 1603 à 1611 Raymond et Jean de Bonnefons réalisèrent une enceinte bastionnée, prolongée vers le port et la mer entre 1634 et 1652 par Jean et Pierre de Bonnefons. Le creusement du port, engagé sur un projet d'Antoine Niquet, eut lieu entre 1680 et 1683 ; en 1682 Vauban proposa un premier projet pour le port, notamment la construction d'un bastion sur l'îlot Saint-Jaume destiné au chantier naval. Plusieurs projets de Vauban et de Niquet se succédèrent, avec des retouches effectuées en 1693 par l'entrepreneur Honoré d'Allègre et de nouveaux projets de Vauban en 1697 et 1700 ; après la mort de Vauban des interventions ponctuelles furent réalisées, dont la construction de la porte et du bastion de la Marine entre 1719 et 1724. En 1743 un nouveau môle fut construit sur un projet de l'ingénieur Daimes, puis le bastion de la Marine fut édifié en 1768-1770 sur un projet de Légier du Plan ; les travaux se poursuivirent jusque dans la période révolutionnaire. Au XIXe siècle les principaux aménagements comprirent la construction d'une caserne voûtée à l'épreuve, dirigée par le commandant en chef du génie Charles‑Joseph Clerici entre 1835 et 1840, puis, à partir de 1840, des améliorations du front de mer. L'annexion du comté de Nice à la France en 1860 fit disparaître l'intérêt militaire de la place ; à partir de 1872 la municipalité demanda la levée des servitudes militaires pour permettre l'extension urbaine, la place fut déclassée en 1889 et le démantèlement commença en 1895, seules les fortifications côté mer étant relativement épargnées en raison de leur rôle de terrassement et de leur reconversion possible en promenade. Lors des guerres de la Ligue, la Savoie intervint en Provence en 1592 ; après 1593 le roi Henri IV renforça son autorité et acheta la seigneurie d'Antibes à la famille Grimaldi afin d'assurer la sécurité de la frontière au niveau du Var. La défense provençale reposait alors principalement sur l'enceinte de Saint‑Paul‑de‑Vence, réalisée sous François Ier par l'ingénieur Jean de Renaud de Saint‑Rémy, et sur le Fort Carré érigé sous Henri III ; la ville elle‑même était encore protégée par l'enceinte tardive et le château Grimaldi. Raymond de Bonnefons, ingénieur pour le roi en Provence, défendit le projet de fortification d'Antibes contre l'avis de Guillaume du Vair, qui préconisait de concentrer les efforts sur Toulon et l'île Sainte‑Marguerite ; Raymond, mort en 1607, fut remplacé par son fils Jean. Une ordonnance du 28 décembre 1600 du duc de Sully prévoyait la construction des nouvelles fortifications ; des plans dressés vers 1608 par François Martelleur, conservés à la British Library et à la Bibliothèque nationale de France, montrent un programme d'aménagement avec agrandissement du territoire, amélioration du fort Carré et du havre, et un tracé à l'italienne comprenant quatre bastions — Rosny, Guise, Royal et Dauphin — ainsi que des portes ultérieurement dénommées porte Royale (ou porte de France) et porte Marine. Les travaux de jetée et de chenal du vieux port commencèrent en 1648 et le bastion du port côté est fut achevé en 1652. Vauban visita Antibes à deux reprises : en 1682 il s'intéressa au port et au projet d'Antoine Niquet, le creusement étant terminé vers 1685 mais ayant nécessité des reprises en raison d'un envasement ; lors de sa visite de février 1693, Vauban proposa de renforcer le front de mer. Le demi‑bastion Saint‑André, la citerne Saint‑André, les casemates des flancs, les cavaliers, les corps de garde, les glacis, des poternes et deux magasins à poudre furent construits après cette visite et achevés en 1710, ce qui entraîna la démolition de l'amphithéâtre romain encore visible en 1608. En 1718 la porte Marine fut édifiée avec trois casemates à sa droite, et l'enceinte fut complétée par le bastion de la Marine et deux courtines édifiés entre 1758 et 1774. À la suite de la décision de consacrer le château à l'œuvre de Picasso en 1963, le bastion Saint‑André fut transformé pour recevoir la collection archéologique rassemblée depuis 1928 par Romuald Dor de la Souchère, premier conservateur du musée Grimaldi ; le bastion est devenu le musée archéologique d'Antibes.