Origine et histoire des remparts gaulois
Le rempart gaulois des Châteliers est une fortification en terre implantée sur le plateau des Châteliers, à Amboise (Indre‑et‑Loire). Le plateau, formant un éperon au confluent de la Loire et de l'Amasse, repose sur le calcaire turonien à une altitude moyenne d'environ 100 m et domine la vallée d'une cinquantaine de mètres. Le site est occupé de façon continue depuis le Néolithique et, à La Tène finale, il constitue un oppidum de plus de 50 hectares qui pourrait avoir été la capitale du peuple gaulois des Turones. Le rempart, sensiblement orienté nord‑sud et rectiligne sur 800 m, en barre l'accès à l'est et se situe à environ 900 m de la pointe de l'éperon. Il est précédé à l'est par un fossé à fond plat, large d'environ 40 m selon une estimation visuelle, qui, vers le nord, prolonge le vallon sec naturel de Malvau ; ce fossé n'a pas fait l'objet d'études archéologiques détaillées. L'analyse de la coupe du rempart dégagée en 1978 a permis de distinguer trois grandes phases de construction réalisées pendant la période de La Tène. Un noyau primitif, constitué d'un talus argileux d'environ 10 m à la base et contenant des inclusions de charbon de bois ainsi qu'une possible armature en bois sur son versant oriental, a été édifié sous La Tène A ou B1 (410 av. J.‑C., +/- 70) ; il repose sur un sol en terre battue qui scelle une fosse de l'âge du Bronze. Il est toutefois difficile de dire si ce talus primitif s'étendait sous l'ensemble du rempart, d'autres sondages donnant des résultats contradictoires. Au cours de La Tène D, le rempart est notablement surélevé par des recharges successives de matériaux différents, ce qui lui a permis d'atteindre une masse pouvant mesurer jusqu'à 10 m de haut pour 25 à 30 m de large et témoigne d'une vocation défensive affirmée ; cette stratigraphie reste lisible dans la coupe encore conservée. La coupe réalisée en 1978 n'a pas révélé d'éléments de parement typiques du murus gallicus ; la structure semble davantage apparentée à des remparts « de type Fécamp », analogues à d'autres exemples connus en France. Les aménagements de franchissement qui permettaient d'accéder à l'oppidum n'ont pas été clairement identifiés, mais l'extrémité sud, empruntée par plusieurs chemins anciens, pourrait correspondre à l'un de ces passages. Probablement dès le Moyen Âge, le plateau a été mis en culture et le rempart progressivement arasé, ses terres rejetées sur les côtés ; cette transformation est visible sur la coupe où les strates occidentales apparaissent remaniées. Un apport de terre, peut‑être médiéval, recouvre l'ensemble du site sur une épaisseur estimée entre 30 et 80 cm et scelle les strates archéologiques du rempart ; la présence de vignes est attestée au XVIe siècle et l'arasement se poursuit au XVIIe siècle. Les premières représentations cartographiques du plateau, par René Siette en 1619 et par Dubuisson‑Aubenay en 1635, repèrent déjà les anomalies topographiques liées au rempart et une tradition locale situait la ville primitive d'Amboise sur ce plateau. Les connaissances principales datent de l'intervention de 1978, lorsque le percement d'une rue a mis au jour une coupe du rempart ; cette coupe est depuis protégée par un grillage et un abri pour prévenir les éboulements et le vandalisme. Les remparts et fossés sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 30 avril 1986 et le site qui les porte est inscrit. La bibliographie et les études consacrées au site incluent des travaux d'archéologues et d'historiens, parmi lesquels on compte notamment des publications d'André Peyrard et de Jean‑Marie Laruaz.