Origine et histoire du Prieuré de Saint-Gabriel
Le prieuré Saint-Gabriel est un ancien monastère bénédictin, souvent daté de 1058, dont les vestiges sont classés au titre des monuments historiques. Il se situe sur le territoire de l'ancienne commune de Saint-Gabriel-Brécy, dans le Calvados, à environ 300 m au nord de l'église Saint-Thomas-de-Cantorbery et dans la cuvette bordée par la Seulles. Son implantation s'inscrit dans le contexte de pacification de l'ouest de la Normandie mené par Guillaume le Bâtard après la bataille de Val-ès-Dunes. La fondation résulte d'une charte de donation établie par la famille de Creully, texte auquel quarante personnes, dont Jean de Ravenne, abbé de Fécamp, et le duc Guillaume II de Normandie avec son épouse Mathilde, ont apposé leur signature. Les libéralités originelles comprenaient des sommes, du bétail, des terres et des prés répartis sur plus d'une vingtaine de paroisses, ainsi que des moulins et des pêcheries. À la demande de Richard de Creully, l'abbé de Fécamp envoya trois moines — Albold, Osbert et Turquetil — pour fonder la communauté et assurer la charge priorale. Richard Goz, apparenté aux grandes familles normandes, confirma la fondation et, avec son entourage, réaffirma les donations; la confirmation de la fondation a été renouvelée en présence de Guillaume en 1080. La vie monastique se déroulait selon la règle de saint Benoît, conjuguant prière et travail : le prieur assurait des distributions de pain aux pauvres, présidait une foire annuelle et exerçait des droits de justice, y compris des prérogatives pénales. Le prieuré connaît son apogée au XIIIe siècle, sans dépasser vraisemblablement une quinzaine de moines. Il subit des destructions pendant la guerre de Cent Ans, puis des réparations ; plus tard, Henri V maintint ses droits temporels, et à la fin du Moyen Âge les moines abandonnèrent progressivement la vie commune tout en conservant la liturgie. À partir de la période des guerres de Religion et de la pratique de la commende, à partir de 1674 les moines retournèrent à Fécamp et les terres furent confiées à un fermier général, la messe étant alors assurée par des religieux venus de l'abbaye Saint-Vigor de Bayeux. Vendu comme bien national à la Révolution, le prieuré fut transformé en ferme ; la commune acquit la tour et l'État devint propriétaire de l'église après son inscription sur la première liste des monuments historiques en 1840, la propriété étant ensuite enregistrée en 1844. Le prieuré fut acheté en mars 1914 par monsieur et madame Emmanuel Fauchier Delavigne, qui y menèrent d'importants travaux puis y ouvrirent, en 1929, le premier centre d'apprentissage horticole privé ; le site fut libéré au soir du 6 juin 1944 par des soldats du régiment Tyne and Tees et abrita des réfugiés caennais pendant la bataille de Caen. Le lycée agricole fermé en 2018, le prieuré se prépare depuis lors à une réouverture destinée à accueillir un tiers‑lieu. L'Association culturelle du Prieuré Saint-Gabriel, créée en 2003 pour valoriser et animer le site, a notamment été chargée, à la suite du transfert de propriété de la chapelle de l'État au département du Calvados (convention signée le 6 juillet 2007, transfert effectif au 1er janvier 2008), de son ouverture et de son animation. Cette association organise chaque été une exposition sur des thèmes liés au prieuré, à la vie monastique, à l'architecture, à l'horticulture ou à la mémoire locale. Les armoiries de Saint-Gabriel et de Fécamp sont encore visibles, sculptées sur les pierres du prieuré.