Origine et histoire
Les ruines de la chapelle de Lurzine, en Gironde, sont les vestiges d'un prieuré bénédictin du XIIe siècle et ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 24 décembre 1925. Elles se situent au chemin des Lurzines, le long de la D669 (route de Bourg) entre Saint-André-de-Cubzac et Prignac-et-Marcamps, sur le territoire de cette dernière commune. Il ne subsiste aujourd'hui que des vestiges de l'édifice, dont la tradition populaire fait l'emplacement d'un ancien temple romain dédié à Lucine, légende non confirmée par des traces archéologiques. Selon les archives, le lundi de Pentecôte 1281 le prieuré de Lurzine a été acheté par l'abbé de La Couronne et rattaché à Notre-Dame de Bellegarde de la paroisse voisine de Lanzac ; il dépendait de l'abbaye bénédictine de Mesdion, au diocèse de Saintes. La chapelle était dédiée à saint Luc ; une statue en bois de ce saint a été transférée de l'autel de la chapelle à l'église Saint-Pierre de Marcamps, puis, au milieu du XIXe siècle, à l'église Saint-Michel de Prignac.
Aujourd'hui la face latérale sud est effondrée ; la face nord, une partie de l'abside et une portion de la façade ouest subsistent mais sont largement masquées par la végétation. Le plan de la chapelle est un parallélogramme dont l'extrémité intérieure se termine en hémicycle et l'extérieur en polygone à huit pans ; il n'y avait pas de transept. Les dimensions intérieures sont de 20 m sur 5 m, le chœur a une profondeur de 5,5 m et les murs dépassent 1 m d'épaisseur. Des colonnes engagées ornent les angles de l'abside ; leurs chapiteaux sont décorés de motifs en zigzag et d'entrelacs, et trois fenêtres en plein cintre de 1 m sur 30 cm éclairaient le sanctuaire.
Quatre contreforts soutiennent la face latérale et la divisent en trois travées inégales : celle la plus proche du chœur mesure 5,4 m, les deux autres 4,5 m ; la travée du milieu présente une décoration particulière et semble avoir été élevée plus haut que le reste de l'édifice. Deux colonnettes soutiennent un arc légèrement ogival et, dans cette partie, une porte ouvrait sur une chapelle secondaire accolée à l'extérieur du bâtiment. Un escalier conduisant à un clocher s'élevait dans l'angle nord-est.
La façade occidentale conserve une porte en plein cintre ornée de pointes ; les retombées de l'arc se prolongent latéralement en un cordon horizontal sur lequel s'appuyaient, de chaque côté, trois petites colonnettes reliées par deux petits arcs en plein cintre. Un second cordon, porté par des modillons non figurés, présente au centre une étroite fenêtre qui marque un niveau supérieur de la façade. À l'intérieur, aux contreforts extérieurs correspondent, depuis le chœur, un pilastre, deux pilastres d'inégales dimensions puis une colonne engagée ; la courbure de la voûte visible sur la face ouest incline vers l'ogive, trait indiquant une construction de la fin du XIIe siècle où le plein cintre dominait encore. Une carte postale circa 1900 témoigne de l'aspect ancien des ruines.