Origine et histoire de la rotonde de Lanleff
La rotonde dite « temple de Lanleff » est un monument en grès rose dont les vestiges montrent un plan circulaire rare dans la région. L’ensemble originel comportait deux enceintes circulaires concentriques séparées par un déambulatoire ; il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie de l’enceinte extérieure, qui conserve deux des trois absidioles. L’enceinte intérieure était découpée en douze arcades plein cintre, légèrement surhaussées, soutenues par douze piliers imposants cantonnés de colonnes engagées aux bases et chapiteaux plats. Douze colonnes adossées aux massifs s’élèvent sous les cintres ; quatre d’entre elles paraissent destinées à reprendre les principales retombées des voûtes. Quelques travées subsistantes illustrent les premières voûtes en berceau. Sur la face antérieure, des gravures à la pointe représentent des figures humaines, animales et des ornements. L’enceinte extérieure présente, entre autres, un œil-de-bœuf et deux étroites ouvertures en plein cintre qui s’évasent vers l’intérieur. Les chapiteaux et les bases offrent un décor sculpté abondant — on en compte plus de 140 — comprenant motifs humains, animaux et géométriques ; l’une des représentations les plus remarquées est dite « Adam pudique ». La singularité du plan a suscité des hypothèses variées sur l’origine et la fonction de l’édifice — temple romain ou gaulois, baptistère mérovingien, église des Templiers — la présence templière n’ayant toutefois jamais été attestée. L’interprétation la plus répandue le considère comme une rotonde mariale d’époque romane, liée à la tradition des plans circulaires évoquant le Saint-Sépulcre. En l’absence de documents précis, la datation repose sur l’analyse stylistique et fait l’objet de débats : certains y voient un caractère archaïque renvoyant à la fin du IXe siècle ou au pré-roman, tandis qu’un nombre significatif de spécialistes privilégient un début du Xe siècle. Le premier document connu évoquant l’église Sainte‑Marie de Lanleff apparaît dans un acte de donation aux moines de Léhon attribué à Trihan de Chatelaudren, daté entre 1061 et 1148. Des annexes ont été ajoutées aux ruines aux XVe et XVIIIe siècles, et au XIXe siècle la rotonde a servi de vestibule à l’église paroissiale Sainte‑Marie. Le monument a retenu l’attention des savants, notamment Prosper Mérimée, et fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques depuis 1889. Une association locale créée en 2008 mène des recherches et propose visites et conférences autour du site.