Origine et histoire
Le castrum d'Orgueil, situé sur la commune de Mauroux (Lot), est un village médiéval aujourd'hui déserté dont il ne subsiste que des ruines. Les premiers seigneurs apparaissent vers 1114 lors d'une donation à l'abbaye de Moissac par Gausbert‑Borrelh d'Orgueil, et la maison d'Orgueil est mentionnée dans les textes à partir de 1130. Si quelques auteurs la rattachent à la famille de Gourdon, elle semble plutôt issue des seigneurs de Luzech ; Guillaume Lacoste attribue sa fondation à un Raimond, témoin de la fondation du prieuré de Duravel en 1055 et neveu de l'abbé‑chevalier Gausbert. En 1238 la villa, dite aussi castrum, était partagée entre plusieurs co‑seigneurs de la lignée d'Orgueil sous la suzeraineté du comte de Toulouse. En 1246 l'évêque de Cahors prétendait exercer des droits de suzeraineté, revendication qui semble avoir été rejetée puisque, en 1271, les co‑seigneurs purent accorder une charte de coutumes en leur nom propre. À la même époque, la protection des comtes de Toulouse et le développement du négoce fluvial sur le Lot favorisèrent la réorganisation et la reconstruction du site, accompagnées par l'essor d'un bourg castral. Un port sur le Lot, un moulin banal et une "payssière" étaient associés au castrum ; la chaussée et le barrage du Fossat (autrefois Manhac), situés à un kilomètre en aval, sont cités en 1292 comme "subtus castrum Orgolhii", et en 1290 la rive, la chaussée et le pas d'Orgueil figurent parmi les équipements que les consuls de Cahors souhaitaient acquérir. Au milieu du XIIIe siècle, les co‑seigneuries appartenaient à plusieurs familles locales : la maison d'Orgueil, les Bar ou Albaro, les Montfavès, les del Bosc et, plus tard, les Lézergues. Les Albaro, apparentés à une branche des Gourdon, sont mentionnés dès 1139 ; Guillaume de Albaro, chevalier cité en 1249, est dit en 1271 fils d'un G. de Gourdon, peut‑être Guiraud de Gourdon, seigneur de Montcuq. Les Montfavès, d'origine agenaise, sont attestés pour avoir donné un cardinal sous le pontificat de Jean XXII. Héritier des droits du comte de Toulouse, le roi de France limita le pouvoir des chevaliers locaux en instituant à Orgueil un bayle royal en 1292. Durant la guerre de Cent Ans, les seigneurs d'Orgueil se rattachèrent à la cause anglaise et le castrum fut transformé en camp retranché occupé successivement par des compagnies "anglaises". Des faits mentionnés relient la place aux compagnies de Guillaume de Clarens en 1380 et de Jean Lescop en 1387, et un seigneur d'Orgueil participa en 1348 au sac de la bastide de Montcabrier et à la prise du castrum de Puy‑l'Évêque. En 1387 des pourparlers conduits par le comte d'Armagnac prévoyaient le départ des compagnies moyennant une forte somme, mais l'évacuation fut lente ; en 1389 Gaillard de Durfort‑Duras tenait encore garnison à Orgueil. Pour stopper les attaques, le comte d'Armagnac acheta la place pour 11 000 francs ; le castrum fut abandonné vers 1390 et, en 1395, figurait parmi les lieux désertés et détruits du Quercy. Des recherches menées en 1970 ont retrouvé dans le lit du Lot, en aval, les restes d'un barrage ou payssière en pieux, d'appontements et d'un moulin banal, et des fouilles de sauvetage en 1982 ont permis la redécouverte partielle du castrum. Parmi les ruines subsistantes, l'un des bâtiments est probablement antérieur au XIIIe siècle et un autre date du deuxième tiers du même siècle. Les vestiges du castrum d'Orgueil sont inscrits au titre des monuments historiques le 3 août 1993.