Ruines du donjon à Vire dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine défensif Donjons

Ruines du donjon

  • Le Donjon
  • 14500 Vire Normandie
Donjon de Vire
Ruines du donjon
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Ruines du donjon
Crédit photo : Ikmo-ned - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIe siècle, XIIe siècle

Patrimoine classé

Donjon (ruines) : classement par arrêté du 10 février 1913

Origine et histoire du Donjon

Le donjon de Vire, dernier vestige d'un château des ducs de Normandie des XIe–XIIe siècles, se dresse en ruine sur la commune de Vire, dans le Calvados ; ses restes sont classés au titre des monuments historiques. La propriété communale occupe un promontoire granitique et gneissique dominant un méandre encaissé de la rivière, à 200 mètres au sud de l'église Notre-Dame ; à l'époque ducale, Vire était le siège d'une vicomté. Le château fut construit ou reconstruit vers 1120 par Henri Ier Beauclerc pour protéger le sud de la principauté ; la garde fut confiée aux Goz, puis aux Bricquessart, dont Ranulphe II était gouverneur en 1150. En 1203 Jean sans Terre quitta Vire et Philippe Auguste occupa la forteresse. En 1368 une grande compagnie de routiers s'en empara et rançonna le bocage pendant plusieurs mois. Pendant la guerre de Cent Ans, la place se rendit le 21 février 1418 au duc de Gloucester et demeura anglaise jusqu'à la reddition d’Henry de Norbery le 26 août 1449 aux troupes de Charles VII ; la garnison comptait alors 240 Anglais. En mai 1562 Gabriel de Montgommery s'empara de la ville et, après un siège de deux mois, du château ; il en fut chassé le 6 septembre mais reprit Vire en février 1563 avant de la remettre au roi à la paix d'Amboise. Le 1er septembre 1568 il renouvella une attaque, pillant des édifices religieux et incendiant le couvent des Cordeliers. À la fin du XVIe siècle Louis de Bordeaux, gouverneur d'Henri IV, renforça les défenses en élevant une seconde enceinte crénelée sur le flanc est, au-dessus de la retenue d'eau des moulins du roi. À la suite de l'ordonnance de 1626 visant le rasement des fortifications, le démantèlement commença le 20 avril 1630 et, étalé sur trente ans, la démolition laissa seulement deux pans du donjon ; un éboulement en 1802 aggrava l'état de ruine. Au XIXe siècle l'esplanade fut aménagée en promenade sur un espace de 98 × 160 m.

Le site profitait d'un relief naturel très défensif, isolé par des escarpements sur trois côtés ; le flanc nord, le plus exposé, était protégé par deux enceintes successives. Côté ville se dressait une puissante muraille précédée d'un profond fossé, flanquée de quatre tours dont deux encadraient la porte avec pont-levis ; cette première cour abritait des logements de garnison. Une seconde enceinte, précédée d'un fossé taillé dans le roc, renfermait le donjon ; la petite chapelle Saint-Blaise se situait entre les deux tours ouest et la tour est abritait un puits inépuisable. En contrebas, la muraille crénelée du « château de bas », construite en 1590, complétait les fortifications sur un terre-plein entre le méandre et le promontoire ; elle était séparée par un fossé et une chaussée de la retenue d'eau qui précède les moulins et s'ouvrait au sud par la « porte aux ânes » menant aux moulins du roi. Dans ce château de bas se trouvait la chapelle Saint-Maur ou aux Payens, bâtie par N. Payen en 1348. La forteresse a précédé l'implantation de la ville, qui ne fut elle-même ceinte que plus tard, au XIIIe siècle.

En 1204 le donjon présentait un plan roman quadrangulaire de 14 × 13,40 m à l'extérieur et de 9,60 × 9,20 m à l'intérieur, renforcé par deux contreforts plats de 0,30 m ; le mur nord, aujourd'hui détruit, était le plus épais (2,30 m) et le mur sud mesurait 2,10 m ; un mur de refend nord-sud divisait l'intérieur. Le donjon, haut de trois étages au-dessus d'un rez-de-chaussée aveugle, comportait des planchers de bois appuyés sur des poutres encastrées dans les murs est et ouest et sur des corniches courant le long des murs nord et sud. Le rez-de-chaussée servait de cellier, les deux premiers étages constituaient des logements seigneuriaux ; il subsiste au premier étage l'emplacement d'une cheminée et une fenêtre remaniée à l'époque gothique, et au deuxième étage deux fenêtres vers l'ouest. Le troisième étage, percé d'ouvertures plus étroites, accueillait probablement la salle des gardes sous la plate-forme du donjon. Au XIVe siècle le parapet primitif fut remplacé par des mâchicoulis et un pavillon central fut élevé en léger retrait ; les élévations furent par ailleurs renforcées par une courtine flanquée de quatre grosses tours rondes et par deux murailles successives face à la ville, munies de fossés, de portes fortifiées, de ponts-levis et de herses. L'intérieur des deux cours comprenait les logements de la garnison dans la cour extérieure et le logis du gouverneur, la chapelle et le puits dans la cour intérieure. Aujourd'hui ne subsistent qu'un côté et demi du donjon : la moitié de la face sud avec les descentes des latrines et toute la hauteur de la face ouest, où apparaissent les cheminées et les contreforts des tourelles d'angle ; les murs sont liés au bain de chaux et revêtus de granit et de micaschiste. Les façades ouest et sud reposent directement sur la base rocheuse granitique ; la façade ouest conserve une cheminée d'apparat. Les ruines ont été classées monument historique par arrêté du 10 février 1913.

Liens externes