Origine et histoire des Ruines gallo-romaines
Les ruines gallo-romaines des Cars forment un ensemble archéologique situé à cheval sur les communes de Saint-Merd-les-Oussines et de Pérols-sur-Vézère (Corrèze), daté de la première moitié du IIe siècle apr. J.-C. Le site, composé de vestiges funéraires et d’une villa, est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 11 septembre 1935. Le toponyme « Cars » dérive du latin quadratus, en référence aux gros blocs de pierre taillés visibles sur place. Les premières observations scientifiques sont liées à Marius Vazeilles, qui repéra le site en 1917 et mena les premières fouilles, puis au service des Antiquités Historiques du Limousin ; des objets issus des recherches sont exposés au musée Marius-Vazeilles à Meymac. L’ensemble se compose d’un sanctuaire rural comportant deux mausolées et d’une vaste habitation agricole dotée d’installations thermales et d’un système d’approvisionnement en eau. Les deux monuments funéraires, longtemps interprétés comme un temple, correspondent en réalité à un sanctuaire sans culte attesté et datent de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle. Ils sont construits en grands blocs de granite assemblés à joints vifs et maintenus par des agrafes métalliques en alliage de fer et de plomb ; nombre de ces agrafes furent pillées au IIIe siècle, ce qui explique l’effondrement partiel des élévations. Le premier mausolée, de caractère individuel, contenait un coffre de pierre abritant une urne funéraire dont des fragments de verre bleu ont été retrouvés à proximité, indice de richesse et de contacts avec l’artisanat de l’Empire. Le second mausolée, plus imposant et collectif, présente un soubassement à trois assises décalées, un escalier d’accès à l’est et une abside à l’ouest ; il renfermait un coffre funéraire en granite décoré d’une scène de chasse au sanglier, attribut de l’élite romaine. La villa, implantée près d’un ruisseau, est pourvue d’une citerne monolithe — le « bac des Cars » taillé dans un bloc de granite d’environ huit tonnes — de canalisations en plomb, d’un système de chauffage par hypocauste et d’un complexe thermal comprenant piscine chauffée, caldarium, tepidarium et frigidarium. La demeure, ornée de mosaïques et d’enduits peints, fut agrandie et partiellement reconstruite à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle, sans doute après un incendie ; ses murs en moellons présentent parfois un appareillage en arête-de-poisson. La cour intérieure était entourée d’une galerie couverte desservant les pièces ; la salle d’apparat, orientée pour profiter de la vue sur l’étang artificiel, conserve les restes d’une fontaine circulaire en granite et des fragments de vitres, tandis qu’une grande mosaïque en ardoise grise de Brive et en grès rouge de Collonges a disparu. Deux cuisines sont identifiables à partir de fours en pierre, et une hache mérovingienne retrouvée dans la cuisine occidentale témoigne d’une réoccupation probable du site aux alentours du Xe siècle. L’analyse pollinique de l’ancien étang montre que le terroir était mis en culture depuis le second âge du Fer, que l’étang gallo-romain a pu être formé au cours du IIe siècle apr. J.-C., et que, à la fin du IIe siècle, la digue cessa de fonctionner — par rupture accidentelle ou volontaire — entraînant l’abandon du site. À l’apogée de son exploitation, le paysage alentour était largement déboisé et consacré à une polyculture céréalière et pastorale, avec notamment la culture du seigle et du sarrasin.