Origine et histoire de la Sainte-Chapelle
La Sainte-Chapelle, chapelle palatine érigée sur l’île de la Cité à Paris, a été commandée par saint Louis pour abriter la Sainte Couronne d’épines, un morceau de la Vraie Croix et d’autres reliques de la Passion acquises à partir de 1239. Première des « saintes chapelles », elle a été conçue comme une vaste châsse presque entièrement vitrée et se distingue par l’élégance et la hardiesse de son architecture, marquées par une forte élévation et la quasi-disparition des murs au niveau de la chapelle haute. Construite en un temps très bref — les travaux débutent entre l’automne 1241 et mai 1244 et la consécration intervient le 26 avril 1248 —, elle a fait appel à la sculpture, à la peinture et surtout à un ensemble exceptionnel de vitraux historiés qui constituent sa richesse principale aujourd’hui, la chapelle ayant été privée de la plupart de ses reliques pendant la Révolution française. Implantée au sein du palais de la Cité pour affirmer le lien sacré entre couronne et reliques, elle remplissait la double fonction d’écrin liturgique et de chapelle palatine, accessible principalement à la cour, au clergé et aux invités du roi. L’édifice se caractérise par une double chapelle superposée, une nef unique sans collatéraux ni déambulatoire et un chevet à pans voûtés dont les élévations latérales sont presque entièrement consacrées au vitrail.
Le trésor de la chapelle, notamment la grande châsse d’orfèvrerie qui contenait la Sainte Couronne et de nombreux reliquaires, faisait l’objet d’un culte et de cérémonies solennelles et était placé sous la garde d’un collège de chanoines. Au long des siècles, la Sainte-Chapelle a subi des transformations et des enrichissements, comme l’ajout d’une grande rosace flamboyante et d’aménagements Renaissance pour la tribune et les autels. La Révolution met fin au destin liturgique de la chapelle : son trésor est en grande partie dispersé ou fondu, les reliques sont transportées puis partiellement perdues et l’édifice est utilisé comme club puis transformé en dépôt d’archives, tandis que statues et vitraux sont mutilés ou déposés.
Menacée par l’extension du palais de justice, la Sainte-Chapelle échappe à la destruction grâce à une mobilisation publique au milieu du XIXe siècle ; la décision de restauration est prise en 1836, le chantier dirigé par Félix Duban et Jean-Baptiste-Antoine Lassus est lancé l’année suivante et s’étend sur près de trois décennies. Les restaurateurs optent pour une restitution prudente et documentée, restituent la polychromie architecturale, reconstituent sculptures et médaillons et font édifier une flèche néogothique dessinée par Lassus, tandis que la restauration est achevée sous la direction d’Émile Bœswillwald. Classée monument historique par la liste de 1862, la Sainte-Chapelle devient à partir de la fin du XIXe siècle un modèle de restauration et un lieu majeur de l’architecture gothique rayonnant.
Vestige du palais de la Cité avec la Conciergerie, la chapelle est aujourd’hui gérée par le Centre des monuments nationaux, auquel elle a été attribuée par arrêté en 2008, et elle fait partie depuis 1991 du bien inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco « Paris, rives de la Seine ». Des campagnes de restauration et de conservation, conduites notamment depuis 2008, ont porté sur les maçonneries et les verrières des élévations est, nord et ouest, tandis que des dispositifs de protection tels que des verrières de protection, des barrières et une surveillance régulière visent à ralentir la dégradation des vitraux et des décors. Monument très visité, la Sainte-Chapelle attire chaque année un public nombreux et demeure une référence pour l’étude du gothique rayonnant, de la polychromie médiévale et de l’art du vitrail.