Période
1ère moitié XVe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Pour la grande saline : l'ensemble des bâtiments souterrains et de surface, y compris la tour de Flore, en totalité, avec leurs installations techniques, les vestiges des murs de clôture et la porte, les sols et sous-sols de l'emprise de la saline et les vestiges archéologiques qu'ils contiennent ; pour la petite saline : le puits à Muyre, situé sous l'établissement thermal ; à l'exception du casino en cours de construction (parcelle AO 332, 333) (cad. AO 80 à 82, 84 à 89, 312, 320, 334 335) : classement par arrêté du 8 décembre 2009
Origine et histoire des Salines
Reconstruite en pierre au début du XVe siècle, la grande saunerie de Salins-les-Bains illustre un site industriel ancien implanté en milieu urbain et jadis au cœur des rivalités entre le Saint-Empire, la Bourgogne et le royaume de France. Protégée autrefois par une enceinte fortifiée aujourd’hui démantelée, elle regroupait en surface des ateliers et bâtiments destinés au stockage de la saumure, au traitement du sel (évaporation, égouttage, séchage, conditionnement) et à l’entretien des équipements (forge, tonnellerie, menuiserie), ainsi que bureaux, logements d’officiers, maison du directeur, chapelle, salle de justice et prison. Sous la cour se trouvent deux salles voûtées, les puits d’Amont et à Grès, reliées par une galerie souterraine servant au captage et à la remontée des eaux salées. L’introduction du procédé du sondage à partir de 1832 a permis de traiter des eaux saturées en sel. La saline a poursuivi son exploitation jusqu’en 1962 sans connaître de modernisations majeures. Malgré des destructions importantes lors d’un incendie en 1825 et pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a conservé des installations (sondage, moteur hydraulique, poêle d’évaporation) qui permettent de comprendre le fonctionnement d’une saline traditionnelle. L’atelier de fabrication et la galerie souterraine sont ouverts au public depuis 1968. D’autres bâtiments accueillent aujourd’hui un casino, l’office de tourisme, le musée municipal et le siège de l’association des Musées des Techniques et Cultures comtoises, et des espaces libres ont été aménagés en terrains de tennis et en jardin public. La saline continue de fournir les eaux salées à l’établissement thermal de la ville. L’activité de saunerie est attestée depuis le Ve siècle et l’exploitation du sel à Salins remonte au Néolithique, faisant de ces salines, avec celles de Lons-le-Saunier, l’un des sites de production de sel ignigène parmi les plus anciens connus. En 1115 coexistaient une petite saline, le puits à Muire, et la grande saunerie autour du puits d’Amont ; le puits à Grès fut foncé entre 1224 et 1248 et relié par une galerie au puits d’Amont. Après des incendies en 1352 et 1409, les bâtiments de la grande saline furent reconstruits en pierre au début du XVe siècle et dotés d’éléments fortifiés, notamment les tours de Flore, de Reculot et du Perroquet. L’incendie de 1825 détruisit une partie des bâtiments qui ne furent pas tous reconstruits, à l’exception d’une porte monumentale vers 1830 ; la petite saline était hors service en 1832 et fut détruite vers 1853 pour laisser place à un établissement thermal entièrement rebâti en 1935. Les améliorations techniques du milieu du XIXe siècle, comme les poêles rectangulaires chauffés au charbon et la technique du sondage, ont accru la production, passée de 36 000 quintaux en 1804 à 60 000 en 1864. L’exploitation fonctionna de façon intermittente entre 1940 et 1962 avant sa fermeture définitive, et de nombreux bâtiments avaient été rasés durant la Seconde Guerre mondiale. La commune acquit les terrains en 1966 ; la plupart des bâtiments subsistants ont été protégés au titre des Monuments historiques et la galerie souterraine et ses installations ont été classées en 1971. Le nombre de poêles, de roues hydrauliques, de trous de sonde et d’ouvriers a varié sensiblement entre le XVIIIe et le XXe siècle selon les périodes d’exploitation. La saumure est encore captée dans les souterrains et, concentrée à environ 330 grammes de sel par litre, elle est aujourd’hui utilisée notamment pour le salage des routes en hiver tout en alimentant les thermes. Depuis 1854 l’eau du puits à Muyre alimente les premiers thermes de Salins-les-Bains ; en 1994 l’eau du puits des Cordeliers y a été raccordée. Le site a été inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial en 2002 et reconnu patrimoine mondial par l’UNESCO le 27 juin 2009 en extension de la saline royale d’Arc-et-Senans. Aménagée et restaurée pour l’interprétation, la saline, dotée d’un musée du Sel depuis mai 2009, présente la salle des poêles, le magasin des sels, l’ancienne maison du grand puits, des galeries et des mécanismes de pompage encore en état de marche, et accueille environ 70 000 visiteurs chaque année.