Sanctuaire de Trémonteix à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme

Sanctuaire de Trémonteix

  • 63100 Clermont-Ferrand
Sanctuaire de Trémonteix
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Sanctuaire de Trémonteix
Sanctuaire de Trémonteix
Sanctuaire de Trémonteix
Sanctuaire de Trémonteix
Sanctuaire de Trémonteix
Crédit photo : Maxime Calbris - Sous licence Creative Commons
Propriété d'un établissement public

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Le sanctuaire (cad. KS 704, 706, 708 ; KV 847) : inscription par arrêté du 6 novembre 2012

Origine et histoire

Découvert en 2009 lors d’un diagnostic d’archéologie préventive, le site a fait l’objet d’une fouille de l’Inrap entre 2010 et 2011. Les investigations ont révélé une vaste villa gallo-romaine associant secteurs artisanaux et agricoles, un secteur résidentiel et un sanctuaire privé inscrit dans une enceinte sacrée comprenant deux temples et un porche monumental. Le sanctuaire, situé à 2,5 km du centre antique d’Augustonemetum (Clermont-Ferrand), a été inscrit aux monuments historiques en 2012 et conservé dans une zone verte lors de l’aménagement immobilier qui a partiellement détruit le reste du domaine. Enfoui sous d’importants apports sédimentaires, le vallon a bénéficié d’une conservation exceptionnelle des élévations, parfois préservées jusqu’à 2,35 m, et de murs ornés d’enduits peints encore visibles. Aucune occupation protohistorique n’a été repérée ; le site est aménagé dès le Haut-Empire et connaît au moins deux grandes campagnes de construction. Un premier établissement rural d’environ un hectare, comportant onze bâtiments dont un édifice central décoré identifié comme bâtiment résidentiel, est remplacé au début du IIIe siècle par un second ensemble plus vaste de 6 600 m2. Cette reconstruction divise le site en deux zones : au nord le sanctuaire construit d’un seul tenant, au sud une cour de villa bordée de pavillons périphériques le long du mur oriental. Les deux zones sont séparées par un mur de façade percé d’un porche qui assure la transition entre la cour et l’espace cultuel. Au cours d’une troisième phase du IIIe siècle, la cour est réaménagée et certains pavillons sont reconstruits avec une organisation plus sophistiquée, tandis que le secteur nord est aménagé en terrasses pour protéger le sanctuaire de l’érosion et mettre en valeur les temples. La rareté du mobilier, notamment céramique, rend toutefois délicate la chronologie fine des phases et l’interprétation du site en tant que villa reste discutée, faute de structures agricoles évidentes à l’exception de quatre cuves dont la fonction demeure incertaine. Le sanctuaire occupe la partie septentrionale et est délimité par un péribole muni d’un mur de clôture et d’une tour-porche ; il comprend deux temples à plan centré presque accolés, séparés seulement par un vide de 40 cm destiné à l’évacuation des eaux. Seule la partie orientale des temples, soit environ un tiers de leur emprise, a été fouillée : le fanum nord présente une façade de galerie d’environ 13 m de côté, le fanum sud une façade de 9,35 m et sa cella est occupée par un bassin. Les maçonneries n’ayant pas été démontées, la chronologie interne des temples reste imprécise, mais ils semblent contemporains et probablement construits au IIIe siècle. Dans le péribole, les fouilles ont mis au jour un dallage d’accès au temple nord, un socle maçonné interprété comme support de statue ou d’autel, une fontaine soignée débordant du mur oriental et un nymphée accessible par une rampe et alimenté par un drain. Le nymphée, pourvu d’un cuvelage en bois disparu, contenait mobilier de la vie quotidienne et objets à connotation religieuse ; ses parois recevaient des enduits peints blancs rehaussés de bandes rouges mais sans enduit hydraulique. Un bâtiment de l’angle sud-est du péribole a connu deux états et la phase la plus tardive a livré quatre cuves maçonnées en parfait état ; l’étage supérieur, détruit, a livré des enduits peints représentant scènes champêtres, animaux et épisodes bachiques ainsi que divers graffites. Si aucune divinité n’a été identifiée, la combinaison du bassin dans la cella sud, de la fontaine et du nymphée conduit à privilégier l’hypothèse d’un sanctuaire des eaux. La distribution des monnaies et du mobilier renforce cette lecture : sur 179 monnaies découvertes, 105 proviennent du secteur cultuel, plusieurs ont été trouvées en positions rituelles, et le mobilier en verre comprend principalement des formes à boire, associées aux pratiques de consommation et aux jets de monnaies (iactatio stipis). Le site est abandonné à la fin du IVe siècle, puis partiellement réoccupé au haut Moyen Âge et enfin occupé par un hameau médiéval attesté par l’archéologie et les archives, caractérisé par de petits bâtiments frustes et des inhumations datées des Ve–IXe siècles. La fouille préventive, dirigée par Kristell Chuniaud, a porté sur une emprise prescrite de 35 000 m2 après un diagnostic sur quelque 16 hectares ; le rapport de fouille est consultable sur Dolia. Lors de l’aménagement du secteur, le vallon était principalement occupé par des potagers et des friches, et seule la zone du sanctuaire a été conservée. L’interprétation fonctionnelle du site reste ouverte : il peut s’agir d’un établissement rural associé à un sanctuaire domanial, d’un espace à vocation partiellement privée et partiellement ouvert au public, mais l’absence d’inscriptions et la rareté des indices sur le statut des propriétaires empêchent de trancher.

Liens externes