Sanctuaire gallo-romain de Bû dans l'Eure-et-Loir

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Sanctuaire gallo-romain

Sanctuaire gallo-romain de Bû

  • Le Bourg
  • 28410 Bû
Sanctuaire gallo-romain de Bû
Sanctuaire gallo-romain de Bû
Sanctuaire gallo-romain de Bû
Sanctuaire gallo-romain de Bû
Crédit photo : Joël Thibault - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Sanctuaire gallo-romain (vestiges) (cad. A 187, 188) : classement par arrêté du 9 décembre 1986

Origine et histoire du Sanctuaire gallo-romain

Le sanctuaire gallo‑romain de Bû est un ensemble cultuel antique situé sur la commune de Bû, dans le nord du département d'Eure‑et‑Loir. Il comprend un fanum à entrée monumentale recouvrant un temple antérieur et quelques annexes ; c'est le seul ensemble visible de ce type dans le département. Le site est probablement fréquenté du Ier au IVe siècle apr. J.-C. et les vestiges sont classés au titre des monuments historiques en 1986.

Le sanctuaire se trouve au lieu‑dit « le Bois du Four à Chaux », au nord de la commune, à 127 m d'altitude sur le rebord d'un vallon — le lit d'un ruisseau fossile — qui descend vers l'ouest. Dans l'Antiquité, il relève de la civitas des Durocasses et se situe non loin des limites des territoires des Carnutes et des Aulerques Éburovices. Une source et un puits sont signalés à proximité, sans localisation précise, ce qui ouvre la possibilité d'un lien avec un culte de l'eau.

Les premières traces d'occupation datent du début du Ier siècle et sont attestées par du mobilier et des monnaies, sans bâti identifiable à cette phase. À l'époque néronienne, un premier fanum carré est construit. Selon les auteurs, un second fanum est édifié au même emplacement au milieu du IIe siècle ou à la fin du IIIe siècle ; la disparition des couches récentes empêche de trancher définitivement. Le sanctuaire est fréquenté jusqu'à la fin du IVe siècle, sans que cette fréquentation soit nécessairement continue. En 1868 la parcelle est défrichée et les ruines, encore imposantes, sont arasées et leurs décombres exploités pour la chaux. Le site est reconnu comme antique dans les années 1950 ; une prospection en 1965 repère des ruines, la première fouille en 1967 met en évidence un temple et d'autres opérations sont menées entre 1968 et 1983. En 2016, l'état de dégradation des vestiges suscite l'inquiétude.

Le sanctuaire comporte au moins deux fanums successifs implantés au même endroit et plusieurs bâtiments annexes au nord, à l'est et au sud ; l'emprise boisée au XXIe siècle peut encore dissimuler d'autres vestiges et l'extension à l'ouest paraît limitée par la pente du vallon. Les traces les plus anciennes sur l'emprise des temples se réduisent à des monnaies, du mobilier et des ossements d'animaux ; des indices de combustion suggèrent la présence de foyers réguliers ou d'un édicule en matériaux périssables ayant brûlé.

Le premier fanum, attribué à l'époque néronienne, ne conserve que des fondations partielles ; son plan centré est carré, la galerie mesure 11,10 m de côté et la cella 7,20 m. La légèreté des fondations de la galerie laisse penser que ses murs étaient en matériaux légers ; le sol était un cailloutis calcaire lié au mortier sur une couche de petits blocs de silex liés à la marne. Le second fanum, plus vaste et seul pour lequel l'élévation des murs est partiellement conservée, est bâti en moellons irréguliers de silex liés au mortier de chaux ; ses angles sont renforcés et décorés de dalles de calcaire provenant de Berchères‑les‑Pierres, et l'utilisation de verre à vitre au niveau d'une baie est attestée. Sa galerie mesure 21 × 19,5 m, la cella 11,3 × 10,2 m, ménageant un couloir de circulation large de 3,70 m. Un avant‑corps large de 10 m, constitué de deux murs parallèles munis de niches, précède le sanctuaire à l'est, mais l'accès reste problématique car la galerie ne présente comme ouverture qu'un oculus de 0,50 m de côté donnant sur cet avant‑corps.

Parmi les annexes, l'angle d'un vaste bâtiment à galeries compartimentées situé à l'est évoque une hôtellerie destinée à l'accueil des pèlerins ; sa fréquentation au IIe siècle est attestée par des monnaies et son organisation rappelle des ensembles identifiés à Cherré ou à Mauves‑sur‑Loire. À une dizaine de mètres au nord, des structures partiellement repérées forment un espace peut‑être non entièrement clos et éventuellement divisé par des cloisons périssables, dont la fonction reste indéterminée mais qui pourraient correspondre à des pièces de service. Quelques mètres plus à l'est, un petit édicule de 1,60 m de côté paraît dédié à l'organisation du culte, type courant dans les sanctuaires. Au sud, des vestiges trop endommagés pour être restitués consistent en l'angle de deux murs en silex, un sol recouvert de chaux et une fosse comblée de débris de tuiles.

La présence probable d'une hôtellerie suggère que le sanctuaire accueillait un public nombreux. Les ex‑voto anatomiques découverts — presque tous en forme d'œil — peuvent évoquer un culte associé à des eaux guérisseuses des affections oculaires, hypothèse renforcée par la signalisation de sources ou de puits à proximité mais à considérer avec prudence puisque ce type d'ex‑voto se rencontre aussi dans d'autres contextes. La situation du site, au carrefour de plusieurs civitates, peut être significative, sans que l'on puisse l'affirmer de façon catégorique.

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