Origine et histoire du Sanctuaire gallo-romain
Le sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes, situé sur la commune de Margerides (Corrèze) à deux kilomètres à l’est du bourg près du village de Marly, se développe à proximité d’une voie romaine et a été classé au titre des monuments historiques en 1984. L’ensemble comprend trois fana carrés à plan centré réunis dans une enceinte, associés à deux bâtiments annexes extérieurs. Le fanum principal, ouvert à l’est, présente des murs en moyen appareil de granit gris d’une épaisseur moyenne de 0,48 m et une élévation résiduelle d’environ 0,50 m ; l’extérieur de la galerie mesure 12,80 m de côté et la cella 7 m. Le parement du mur externe de la galerie est en petit appareil très régulier, tandis que les autres murs sont appareillés de pierres de forme irrégulière ; des pierres taillées renforcent les angles. Un enduit peint, comportant des nuances de rouge, jaune, gris, noir, brun, rose, vert et blanc, recouvrait les murs ; le sol était constitué d’un mortier blanc posé sur un hérisson de petites pierres de 10 à 15 cm d’épaisseur. Au nord du fanum principal ont été mis au jour quatre petits édicules d’environ deux mètres de côté, vraisemblablement destinés à des autels ou au dépôt d’offrandes, secteur riche en mobilier. Au sud, et alignés sur la façade du bâtiment principal, se trouvent deux fana plus modestes. Le bâtiment 9, également carré et distant de 1,20 m du fanum principal, offre une cella de 4,75 m et une galerie de 9 m de côté ; sur sa face nord, quatre plots de granite ont remplacé le mur et servaient d’assises à des poteaux de bois, hypothèse confirmée par la découverte de demi‑cylindres en terre cuite destinés à habiller ces poteaux. Le bâtiment 12, partiellement fouillé et en partie sur une propriété voisine, comporte une construction centrale de 4 m de côté ouverte à l’est et une galerie large de 1,40 m délimitée à l’ouest par un mur bas et des plots de granite, disposition qui évoque là encore une charpente portée par des poteaux de bois habillés de demi‑cylindres en terre cuite. Un coffre de granit orné reposait au centre du bâtiment 12 sur un socle maçonné au‑dessus d’un sol bétonné, et une fosse rectangulaire de 2,60 m sur 2,40 m contenait les restes d’une canalisation en bois. Un mur d’enceinte, ou péribole, sommairement bâti a été reconnu au nord et à l’est des temples ; face à l’entrée du fanum 1, une ouverture de ce mur correspond à un passage bordé d’un sentier pavé de débris de tuiles. Au sud‑est, un bâtiment rectangulaire adossé à l’enceinte ne comprend qu’une salle allongée. À l’extérieur et au nord du péribole, des sondages limités ont révélé un bâtiment ou un groupe de bâtiments (n° 2, 3 et 7) dont la façade nord était pourvue d’une galerie couverte soutenue par des poteaux de bois eux aussi habillés d’éléments de terre cuite. Les sculptures découvertes sont taillées dans une roche volcanique d’Auvergne : une déesse mère assise en fauteuil, incomplète et haute de 0,38 m, vêtue d’une robe et ornée d’un torque, a été trouvée à l’entrée du temple ; dans la galerie, une statue mutilée représentant Mercure debout, vêtue et portant un pectoral, mesure 0,38 m hors tête et jambes. Au nord du fanum principal a été mise au jour une statue féminine debout, parfaitement conservée, haute de 0,60 m, avançant la jambe droite et tenant un objet en geste d’offrande, vêtue d’une robe et d’un vêtement ample partiellement recouvrant la chevelure ; de la même zone provient une tête féminine intacte, haute de 0,42 m, coiffée d’un chignon. Parmi les objets figurent une statuette en bronze représentant le dieu gaulois Cernunnos, haute de 0,138 m, barbu, tenant un torque et coiffé d’une ramure, vêtue d’une tunique à décor losangé et d’un manteau, ainsi que des fragments de statuettes en terre cuite représentant Vénus, Hercule ou une déesse‑mère, et divers sujets zoomorphes en bronze ou en terre cuite (sangliers, bélier, coq, tortue, cheval, chien, lion, oiseau, patte de cheval...). Des monnaies romaines ont été recueillies dans le fanum et ses abords : des monnaies de la dynastie des Antonins, usées et déposées ou perdues vers la fin du IIe siècle, et d’autres exemplaires datés de la fin du IIIe siècle à la fin du IVe siècle. Les couches inférieures du site contiennent un abondant mobilier de tradition gauloise, notamment seize monnaies d’argent attribuées aux Lémovices et, moins sûrement, aux Cadurques, ainsi que de la céramique ; ces monnaies, de faible poids, pourraient remonter au IIe siècle av. J.‑C. et témoignent d’une première phase d’occupation dont le début est situé dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.‑C. ou à la période augustéenne, et qui semble se terminer vers les années 70–80 de notre ère. La construction des temples de pierre correspondrait à une seconde phase située dans le dernier tiers du Ier siècle de notre ère, se poursuivant tout au long du IIe siècle et probablement une partie du IIIe siècle ; au IIIe siècle ont lieu des remaniements ou un grand entretien, et la fréquentation du sanctuaire se poursuit au IVe siècle et même au début du Ve siècle, comme le suggère la présence d’une monnaie frappée à l’effigie d’Arcadius.