Origine et histoire du Sanctuaire orthodoxe Saint-Serge
Le sanctuaire orthodoxe Saint-Serge, situé à Colombelles (Calvados), est la seule église orthodoxe de l'ouest de la France. L'édifice a été construit en 1926 par des ouvriers russes employés à la Société métallurgique de Normandie, l'entreprise finançant partiellement le projet; ses plans, fournis par un colonel de l'armée russe, reprennent le modèle des églises de Saint-Pétersbourg. Les icônes intérieures ont été exécutées par les peintres Fostov et Khvostov, et une bibliothèque d'ouvrages en langue russe est accolée à l'église. Implantée à mi-pente, non loin de l'Orne et du canal et près de l'ancien cantonnement russe, l'église est accessible principalement depuis la rue Raspail par un escalier aboutissant à une grille en fer peint en bleu ornée de la croix orthodoxe russe; un second accès se fait par la rue Vladimir Golunski. La paroisse s'est constituée au milieu des années 1920 pour répondre aux besoins des ouvriers russes de la SMN, qui offrirent le terrain et apportèrent des subsides; les offices se tinrent d'abord dans des locaux provisoires avant l'achèvement du bâtiment. La construction, coordonnée par l'ingénieur Grigoriev et réalisée par les membres de la communauté en dehors des heures de travail, s'est achevée à la fin des années 1920, suivie d'une consécration officielle. Durant l'entre-deux-guerres la paroisse se structura durablement : décoration intérieure, bâtiments annexes, chœur et vie paroissiale se développèrent et l'église s'enrichit d'icônes offertes par des fidèles ou réalisées par des artistes comme Vassili Sergueïev. Un campanile provisoire fut élevé puis remplacé par un clocher en maçonnerie en 1934, qui comprenait des locaux paroissiaux. Lors de la bataille de Normandie l'édifice fut gravement endommagé par des bombardements; le clocher et de nombreuses icônes furent détruits ou fortement abîmés. Après-guerre, Sergueïev entreprit la restauration des icônes et des travaux sur le gros œuvre commencèrent en 1946; l'église retrouva sa consécration après restauration en 1947. Le campanile fut reconstruit avec l'appui des ateliers de la SMN et de nouvelles cloches furent fondues pour remplacer celles perdues. Le complexe associe l'église rectangulaire coiffée d'un bulbe en cuivre surmonté d'une croix à double croisillon, un clocher séparé posé sur un bâtiment bas et des annexes qui abritent aujourd'hui les bibliothèques et la maison paroissiale. À l'intérieur, une iconostase en bois sépare la nef du sanctuaire; certaines grandes icônes disparues lors des bombardements furent repeintes et l'ensemble a été enrichi depuis par d'autres iconographes, y compris des membres de la paroisse. La nef, voûtée en berceau, est conçue comme un espace de prière debout avec quelques bancs pour les personnes âgées, une solea surélevée, des tables d'offrandes et un grand lustre de vingt-quatre cierges en bronze et cristal. L'enclos paroissial, entretenu comme un jardin soigné, ne comprend pas de cimetière ; les Russes inhumés à Colombelles reposent dans le cimetière communal ou dans l'ancien cimetière catholique voisin. Propriété de la SMN jusqu'en 1987, le complexe a été acquis par une association de paroissiens constituée pour en assurer l'entretien. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques en 1992; le bulbe a fait l'objet d'une restauration en 2006 avec des financements mêlant collectivités, fondation et paroisse, et une campagne photographique a documenté l'édifice en 2011. La paroisse a évolué d'une communauté majoritairement russe, célébrant en slavon, vers une communauté multiethnique et francophone: le français est devenu la langue principale de la liturgie, certains chants et prières étant toutefois parfois chantés dans d'autres langues. En signe d'intégration locale, saint Vigor de Bayeux a été ajouté comme second patron, et depuis le printemps 2022 la paroisse a rejoint le vicariat Sainte-Marie-de-Paris-et-Saint-Alexis-d'Ugine auprès de la métropole orthodoxe grecque de France. Saint-Serge entretient par ailleurs des relations régulières avec l'Église catholique locale et continue d'ouvrir ses portes au public, notamment lors des Journées européennes du patrimoine.