Origine et histoire du Saumoduc
Le saumoduc de Salins-les-Bains à Arc‑et‑Senans est un ancien ouvrage de transport de la saumure situé en Franche‑Comté, construit à la fin du XVIIIe siècle pour conduire sur environ 21 kilomètres la saumure extraite à la saline de Salins‑les‑Bains vers la saline royale d'Arc‑et‑Senans, qui ne disposait pas de sources salées. Les deux salines figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO (1982 et 2009) et les vestiges maçonnés du saumoduc sont inscrits aux monuments historiques ; les restes du bâtiment de graduation sont protégés depuis 1991 et les vestiges maçonnés ont été inscrits le 29 décembre 2009. Le tracé partait du centre de Salins‑les‑Bains, longeait les cours de la Furieuse et de la Loue et traversait notamment Rennes‑sur‑Loue et Port‑Lesney avant d'atteindre Arc‑et‑Senans. La construction a été réalisée selon les plans du géomètre Denis François Dez pour acheminer la saumure vers la saline de Chaux, tandis que Claude‑Nicolas Ledoux soulignait qu'il est « plus facile de faire voyager l'eau salée que de voiturer une forêt en détail ». Près de la rivière, un bâtiment de graduation long de 500 mètres concentrait la saumure afin d'économiser le bois de chauffage ; à sa sortie, la saumure était stockée dans un réservoir de 900 m3. Les vestiges recensés comprennent la cuvette de Monplaisir à Salins‑les‑Bains, petite pièce voûtée équipée de deux bouches d'arrivée et de deux bouches de départ, la cuvette de Perrichon à Port‑Lesney, logée dans un petit bâtiment tuile sans éléments techniques apparents, et le passage sous la route de Lyon à Rennes‑sur‑Loue, qui présente une partie de voûte plate d’origine et une partie dont la voûte a été refaite plus bombée. Les conduites, au nombre de deux, étaient enterrées pour éviter gel et vols ; à l'origine elles étaient réalisées en troncs de sapin creusés et emboîtés, une conduit transportant la saumure de la « grande saline » et l'autre celle de la « petite saline ». En raison de déperditions importantes, ces canalisations en bois furent remplacées par des tuyaux en fonte à partir de 1788, puis retirées pendant la Première Guerre mondiale pour fournir du métal aux fabriques d'obus. La conduite mesurait environ 21 kilomètres entre la petite saline et le bâtiment de graduation et amenait la saumure 104 mètres ou 109 mètres plus bas ; la saline expédiait quotidiennement 135 000 litres de saumure depuis Salins. Six maisons de contrôle furent érigées le long du tracé — à pont d'Oroz, Montplaisir, Saint‑Benoît, La Chapelle, Perrichon et Champagne — formant le « chemin des gabelous » ; à chaque poste on mesurait le débit et la teneur en sel, relevés hebdomadairement pour être portés à la saline. Les gabelous, douaniers chargés de la perception de la gabelle, devaient lutter contre des « faux‑sauniers » qui perçaient les canalisations pour récupérer de la saumure. Le bâtiment de graduation a été déconstruit, mais le tracé a été valorisé en 2013 par un sentier touristique, le sentier des Gabelous, aménagé par les communautés de communes concernées avec l'expertise du réseau des musées des techniques et cultures comtoises ; le chemin est ponctué de quinze panneaux d'information munis de QR codes.