Origine et histoire du Schweissdissi
La statue monumentale dite Schweissdissi a été commandée en 1905 au sculpteur Frantz Beer par les chemins de fer suisses pour l'inauguration du tunnel du Simplon. Rejetée par son commanditaire, elle fut acquise par la ville de Mulhouse pour l'aménagement de la place de la Réunion et installée en 1906 au centre d'une vaste fontaine, entre le temple Saint-Étienne et l'hôtel de ville. Surnommée Schweissdissi par les Mulhousiens, la sculpture est une allégorie du travail et un hommage aux masses laborieuses ; elle représente un laboureur s'essuyant le front, fatigué par l'effort. Conçue par l'Autrichien Frantz Beer à Florence et fondue en 1905 à Pistoia, l'œuvre se distingue par la qualité de sa plastique et son réalisme, qui renvoient à la grande tradition italienne des sculptures monumentales urbaines de la Renaissance : contrapposto, équilibre académique des proportions et quasi-nudité. Exposée de 1906 à 1909, elle fit l'objet de pétitions contestant son emplacement dans ce lieu historique, en raison notamment de la pudeur suscitée par son fessier faisant face au temple Saint-Étienne. Après plusieurs tentatives de rotation qui ne résolurent pas le problème, la statue fut déplacée près du parc du Tivoli, son arrière-train étant alors masqué par des haies. Faite en fer, elle échappa aux réquisitions nazies de bronze pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa qualité artistique et son histoire particulière ont fait du Schweissdissi l'un des monuments les plus connus de Mulhouse. L'œuvre est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 4 mars 2008. En 1976 une confrérie mulhousienne destinée à préserver le dialecte et les traditions alsaciennes a pris son nom, la Schweissdissi Confrérie Milhüsa. En 2006 le sculpteur Yves Carrey a réalisé une version contemporaine de la statue, composée de matériaux de recyclage et représentant un soudeur au chômage ; cette création est installée à la porte Jeune, près du centre historique de Mulhouse.