Origine et histoire de la Scierie
Située en rive droite du Dessoubre, au lieu-dit le moulin Girardot en aval de Laval‑le‑Prieuré, la scierie est le dernier témoin d’un moulin mentionné dès le XVe siècle et appartenant alors au prieuré de Laval. À l’origine, l’établissement comprenait un moulin à blé et une ribe pour le chanvre, actionnés par une ou plusieurs roues « en dessus ». Il semble s’être diversifié à la fin du XVIIIe siècle avec l’adjonction d’une scierie et d’une huilerie. Les archives signalent successivement plusieurs tenanciers et propriétaires : le moulin est acensé à Perrin Bassand en 1464, acheté par Jean Guyot‑Renaud en 1495 puis acensé à Fauvé en 1500 ; Etienne Girardot l’acquiert en 1706 et la famille apparaît sur la carte de Cassini sous l’appellation « moulin Fauvel » à la fin des années 1750. François‑Xavier Girardot fait construire une habitation en 1772 ; au début du XIXe siècle le site, alors propriété de Donat Girardot, est représenté sur le cadastre napoléonien en deux emplacements comprenant l’usine, la scierie, l’huilerie, des maisons et des dépendances. En 1851 la propriété est exploitée par Xavier Boulet (ou Poulet) ; le moulin principal compte cinq paires de meules et quatre roues hydrauliques verticales, tandis que le Moulin Fauvé actionne scierie, huilerie et ribe par trois roues hydrauliques, la scierie ne fonctionnant qu’une partie de l’année et la ribe et l’huilerie un à deux mois. Vers 1868 la propriété passe à Emile Girardot et Sigismond Constant de Baume, puis autour de 1883 à Emile Girardot seul, qui rebâtit la scierie avant 1884 et ajoute une habitation à l’est. L’exploitation change encore de mains à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ; Constant Revillot devient propriétaire vers 1907 et rachète l’établissement en 1910. En 1912 Louis installe, dans la chambre d’eau, deux turbines Douge Frères (système Francis) ; un hangar de séchage prolonge le bâtiment vers 1918, marque d’une spécialisation dans le sciage et le commerce du bois, et l’affaire emploie une dizaine de personnes à la fin de la Première Guerre mondiale. L’exploitation est reprise en 1943 par le fils de Louis, Constant, qui fait édifier entre 1951 et 1958 une maison dont le sous‑sol abrite un grand garage destiné au camion et au tracteur forestier. Dans les années 1950 une scie électrique multiple remplace une des scies verticales à châssis en bois, l’autre étant immobilisée ; en 1959 les turbines Douge sont remplacées par un moteur diesel, puis par un moteur électrique avant 1980. Au tournant des années 1980 la scierie n’emploie plus que deux ouvriers ; l’activité cesse en 1988, le matériel est démonté et le moulin est détruit par un incendie en 1989, tandis que la maison des années 1950 est convertie en gîte. L’ensemble formé par la scierie, ses installations mécaniques, le hangar de séchage, le quai de chargement, la voie ferrée et le canal sous les deux bâtiments est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 3 août 2004. Des travaux de restauration ont été conduits : la vanne de prise d’eau en 2012, la charpente en 2016 et la scierie elle‑même restaurée en 2016 ; seules subsistent en place les transmissions. Le bâtiment principal est un volume rectangulaire implanté le long de la rive, alimenté par un barrage courbe construit légèrement en biais pour amener l’eau sous le moulin, et il est prolongé par le hangar de séchage ; les habitations se situent de l’autre côté de la route.